La Lettre

Juillet 2025


L'édito de Fabrice de Cholet

Fabrice de Cholet
Directeur Général

L’Europe, l’oubliée des portefeuilles ?

Dans les allocations d’actifs mondiaux, l’Europe reste souvent cantonnée à un rôle secondaire. Entre croissance économique faible, fragmentation politique ou encore absence de grands champions technologiques, les raisons de cette sous-pondération sont connues. Et pourtant, cette lecture mérite d’être revisitée.

À y regarder de plus près, de nombreux signaux montrent que l’Europe bouge. Le redéploiement industriel, la montée en puissance des investissements dans l’énergie verte, la défense, les infrastructures, ou encore la transformation numérique créent des opportunités solides, portées par des entreprises bien gérées, souvent exportatrices, et faiblement valorisées par rapport à leurs homologues américaines.

Prenons l’exemple de l’Italie. L’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni, longtemps perçue comme une menace pour la stabilité budgétaire, n’a finalement pas provoqué de rupture. Au contraire, son gouvernement a adopté une ligne pragmatique, rassurant les marchés. Le spread italien reste contenu, Rome coopère étroitement avec Bruxelles, et le pays bénéficie d’un des plus gros plans d’investissements du plan de relance européen (PNRR). Des secteurs comme les infrastructures, l’agroalimentaire de qualité ou l’industrie du luxe italien, souvent dans le giron de groupes cotés, en tirent parti.

Ce rééquilibrage politique et économique invite à reconsidérer les a priori. L’Europe n’est pas sans failles, mais elle évolue, s’adapte, et crée de la valeur. Ignorer cette dynamique revient à passer à côté d’un moteur de diversification, de rendement et parfois de résilience. Dans ce mouvement de transformation, la France ne peut rester à la traîne. Elle dispose d’atouts incontestables : innovation, épargne abondante, industrie d’excellence comme le secteur de la défense. Mais elle souffre d’un manque de réformes structurelles. Pour rester compétitive, la France doit poursuivre ses efforts en matière de maîtrise budgétaire, d’adaptation du marché du travail et d’allongement de la durée d’activité. Reporter l’âge de départ à la retraite ou réinterroger certains dispositifs sociaux ne sera alors plus une option, mais une condition de souveraineté économique.



Cette page a été publiée le 03/07/2025