Vincent GuenziAprès un été globalement favorable aux marchés financiers, la tendance haussière s’est poursuivie en septembre, portée par l’enthousiasme autour de l’intelligence artificielle et par les anticipations de baisses de taux d’intérêt, notamment aux États-Unis. Cette dynamique positive, bien que soutenue, repose toutefois sur des fondations fragiles : la modération de la croissance mondiale se confirme, les incertitudes politiques s’intensifient, en particulier en France, et les tensions géopolitiques restent vives.
Aux États-Unis, la progression des marchés reste soutenue par les valeurs technologiques, tandis que les indices européens affichent des performances plus contrastées. Les Bourses émergentes ont également bien évolué, contribuant à la bonne tenue des marchés mondiaux en septembre. Sur le plan économique, le ralentissement est désormais visible : les États-Unis affichent une croissance plus faible et un marché de l’emploi moins dynamique. La Réserve fédérale a engagé une première baisse de ses taux directeurs, avec deux nouvelles baisses envisagées d’ici fin 2025. En Europe, la Banque centrale reste attentiste, alors que la croissance reste très légèrement positive, mais elle pourrait à son tour assouplir sa politique monétaire dans les six prochains mois, compte tenu d’une inflation modérée et d’une croissance stagnante.
La situation politique en France demeure un facteur de fragilité. Après le refus de confiance à François Bayrou et la démission du gouvernement Lecornu 1 quelques heures seulement après sa nomination, l’instabilité institutionnelle du pays s’est encore accentuée. Cette crise a contribué à la dégradation de la note de crédit souveraine française, bien que cela n’ait pas provoqué de réaction excessive sur les marchés obligataires. La nomination d’un second gouvernement dirigé par Sébastien Lecornu et le rejet des motions de censure déposées à son encontre au Parlement français ont contribué à stabiliser une situation toujours fragile. À l’échelle internationale, les tensions géopolitiques restent élevées, entre la guerre en Ukraine, le conflit à Gaza et les provocations russes aux frontières de l’Europe.
Dans ce contexte, après avoir retrouvé des valorisations élevées, les marchés actions pourraient marquer une pause dans les semaines à venir. Un repli limité, de l’ordre de 3 à 5 %, semble plus probable qu’un retournement brutal. À court terme, la volatilité pourrait être alimentée par des déceptions économiques, des résultats d’entreprises en demi-teinte ou des tensions politiques persistantes. Toutefois, les tendances de fond restent favorables à moyen terme, en particulier dans les secteurs technologiques. Il semble judicieux de profiter des phases de consolidation pour renforcer les positions sur les actions car, aux cours actuels, le potentiel de hausse des indices est très limité d’ici la fin de l’année. Il est d’environ 5 % d’ici juin 2026.
Nous maintenons une opinion Neutre à court terme et Surpondérer à moyen terme, sur les actions américaines et européennes. Les perspectives des actions françaises semblent toujours fragiles. Sur le plan obligataire, notre opinion reste globalement neutre à court et moyen terme sur les emprunts d’État européens et américains ainsi que sur les obligations émergentes, tandis que le crédit européen demeure surpondéré à moyen terme de même que les obligations à haut rendement, à court et moyen terme.