Les marchés actions ont finalement enregistré un premier repli après cinq mois de hausses consécutives. Comme l’année dernière, le catalyseur a été l’inflation américaine qui se révèle plus résistante que prévu, entrainant une anticipation de politique monétaire de la FED moins favorable et une remontée des taux longs. Dans le même temps, la forte croissance du pays semble devenir un peu plus fragile. Parallèlement, la zone euro montre des signes totalement divergents : légère reprise économique, désinflation qui se poursuit, BCE plus confiante… Les marchés ont intégré ces scénarios avec des réactions différentes des deux côtés de l’Atlantique. Si la similitude avec l’année dernière continue, la consolidation des indices boursiers pourrait se poursuivre quelques mois. Si l’environnement américain se dégrade davantage, la résurgence des craintes de récession pourrait provoquer une correction plus prononcée. Pour l’instant, nous privilégions la première hypothèse qui amènerait les indices à perdre 7 à 10% par rapport à leurs plus hauts niveaux. Les marchés européens pourraient mieux résister à ce contexte dans un premier temps. Nos prévisions sur les indices actions pour décembre 2024 sont inchangées. Après une phase de consolidation ou de correction, l’assouplissement des politiques monétaires devrait leur permettre de rebondir en fin d’année mais le potentiel de hausse des indices à cette échéance parait très faible à ce jour. Nous attendrons la fin de la période de consolidation des indices pour relever globalement l’exposition en actions. Cependant, nous continuons de renforcer leur poids dans les portefeuilles peu investis à chaque opportunité. Nous restons Neutres à court et moyen terme sur les actions américaines et européennes avec une très légère préférence pour ces dernières à très court terme. Nous conservons également notre opinion Neutre à court et moyen terme sur les produits de taux. La hausse des taux longs a rendu le Crédit européen plus attractif.
Les indices actions ont finalement enregistré un premier repli après cinq mois de hausses consécutives alors que les taux d’intérêt à long terme se sont redressés sensiblement (+0.5% aux Etats-Unis, +0.3% en Europe). L’indice action Monde a reculé de 2.9% en euros, l’indice américain de 3.2%, en tenant compte d’un gain de 1% sur le dollar. Les indices européens ont perdu 1.5% en moyenne avec des écarts importants (- 3% pour ceux de la zone euro, -4.8% pour la Suisse, +2.5% pour le Royaume-Uni). L’indice japonais a enregistré une perte de 7.6% et l’indice des pays émergents a regagné 1.3%. La baisse a touché tous les compartiments de la cote en termes de capitalisation. En Europe, les valeurs de style Value ont bien résisté. Plus globalement, les valeurs défensives se sont légèrement mieux comportées que les valeurs cycliques. La fatigue de la dynamique haussière que nous avions constatée le mois dernier s’est donc intensifiée.
Le catalyseur principal de cet épisode a été l’inflation américaine qui s’est révélée plus résistante et plus forte que prévu, entrainant une anticipation de l’évolution de la politique monétaire de la FED moins favorable. La baisse du taux directeur de la FED attendue pour juin/juillet est reportée après l’été voire à l’an prochain pour certains économistes. En effet, les statistiques américaines publiées en cours de mois montraient toujours la résilience de l’activité et justifiaient un tel scénario. Cependant, les tous derniers indicateurs ont fait état d’une certaine fragilité du marché de l’emploi, qui, s’il se confirmait, pourrait conduire à un affaiblissement de la consommation et par voie de conséquence le ralentissement de l’inflation. Aussi, pour notre part, nous faisons l’hypothèse que la FED finira par baisser deux fois ses taux au cours du second trimestre et plutôt après l’été. Mais, comme elle, nous restons dépendants des prochaines données économiques pour affiner nos prévisions.
Parallèlement, la zone euro a montré des signes totalement divergents. La légère reprise économique se confirme dans l’amélioration des indices précurseurs, la désinflation se poursuit avec une inflation à 2.4% qui se rapproche des objectifs de la BCE et cette dernière s’est montrée assez confiante pour envisager une première baisse des taux à sa prochaine réunion du 6 juin. Les marchés ont intégré ces scénarios avec des réactions différentes et contrastées des deux côtés de l’Atlantique, comme nous l’avons vu.
Les perspectives pour l’activité mondiale sont restées assez stables. Le redressement japonais semble se confirmer. Dans les grands pays émergents, le rythme de l’expansion semble s’essouffler tout en restant encore élevé par rapport à celui des pays développés.
Le repli des Bourses reflète une perte de confiance des investisseurs, peut-être temporaire, mais la tendance haussière des indices a été fragilisée. Cette respiration était nécessaire après 5 mois de hausse et des performances importantes de la part des grandes valeurs et, en particulier, des technologiques américaines qui ont amplifié les mouvements. La baisse des valorisations n’a pas été suffisante pour garantir la fin de cette consolidation. Mais les publications des résultats trimestriels depuis le début du mois ont permis une reprise technique des cours. Ces résultats ont été supérieurs aux attentes aux Etats-Unis comme en Europe. Ils ont été assortis parfois de commentaires prudents des dirigeants sur les perspectives des prochains trimestres. Globalement, ces publications n’ont pas amené de relèvement des prévisions de résultats annuels des analystes financiers. Enfin, la réaction des investisseurs a été très mitigée en moyenne et les cours de certains titres ont connu une très forte volatilité à la hausse comme à la baisse.
Le comportement des marchés au mois d’avril ressemble beaucoup à celui du deuxième trimestre de l’année dernière quand le niveau de l’inflation avait rebondi et avait incité les Banques centrales à durcir davantage leur politique monétaire, surprenant ainsi les marchés.
Première possibilité, si cette similitude continue, la consolidation des indices boursiers pourrait continuer quelques mois au-delà de la reprise technique actuellement à l’œuvre à très court terme. Comme nous l’avons vu, les marchés européens évoluent dans un contexte moins défavorable. Ils pourraient donc profiter de cette reprise technique pour attendre de nouveaux sommets ce qui nous semble plus difficile pour les indices américains. Cette surperformance serait justifiée car les indices européens sont également moins chers, en absolu et en relatif par rapport aux emprunts d’Etat.
Deuxième possibilité, si l’environnement américain se dégrade davantage, la résurgence des craintes de récession pourrait provoquer une correction plus prononcée. Il faudra surveiller de très près la prochaine publication de l’inflation aux Etats-Unis le 15 mai prochain, qui pourrait encore décevoir et provoquer de nouvelles perturbations.
Pour l’instant, nous privilégions la première hypothèse qui amènerait les indices à perdre 7 à 10% par rapport à leurs plus hauts niveaux.
Nous excluons toujours une forte correction des indices à très court terme. Cependant, les risques géopolitiques toujours présents peuvent modifier la donne à tout moment. L’octroi in extremis d’une aide américaine supplémentaire à l’Ukraine permettra sans doute de ralentir l’avancée des troupes russes mais elle ne diminuera pas les tensions. De même, la situation à Gaza peut déboucher à tout moment sur un élargissement du conflit comme les affrontements entre Israël et l’Iran l’ont illustré. Dans ce contexte, la relative retenue des deux belligérants a permis un reflux des cours du pétrole ce qui est très bénéfique. En revanche, la flambée de l’or, considéré parfois comme une valeur refuge ne s’est pas calmée. Le risque de relance de guerre commerciale avec la Chine ne s’est pas apaisé et la pression sur Taïwan ne faiblit pas.
Nous n’avons pas modifié nos prévisions sur les indices actions pour décembre 2024. Une correction supplémentaire des Bourses en été ou à l’automne, nous parait toujours probable. Mais l’assouplissement des politiques monétaires au second semestre devrait leur permettre de rebondir en fin d’année. Le potentiel des indices à cette échéance parait très faible. Une amélioration des perspectives économiques et des conditions financières pourrait cependant nous amener à être plus optimistes pour 2025.
Nous attendrons la fin de la période de consolidation des indices pour relever globalement l’exposition en actions. En attendant, nous continuons de renforcer leur poids dans les portefeuilles peu investis chaque fois que des opportunités se présentent.
Nous maintenons une opinion Neutre à court et moyen terme sur les actions. Nous laissons notre recommandation à court terme sur les actions américaines et européennes à Neutre, mais avec une très légère préférence pour ces dernières à très court terme car elles disposent d’un petit potentiel de rattrapage. Nous gardons notre surpondération américaine à moyen terme.
Nous conservons notre opinion Neutre à court et moyen terme sur les produits obligataires avec une légère préférence pour le Crédit européen. Le niveau actuel des taux longs européens permet de commencer à s’intéresser aux Emprunts d’Etat dans une optique à moyen terme.
Lors de notre Comité d’Allocation d’Actifs de fin avril, nous avons réduit l’exposition en actions par précaution, en abaissant le poids de l’Europe. Parallèlement, nous avons augmenté le poids des produits de taux et abaissé celui des sicav monétaires.