En septembre, les marchés actions mondiaux ont continué leur progression, emmenés par les Bourses émergentes et Wall Street, elle-même soutenue par le thème de l’intelligence artificielle. Les performances des indices européens ont été plus mitigées. Sur le plan économique, la croissance mondiale s’essouffle, avec un léger affaiblissement aux États-Unis, une reprise timide en Chine ou en Europe et une modération du rythme d’activité en Inde et au Japon. La Réserve fédérale américaine a baissé ses taux comme prévu et prévoit deux autres baisses d’ici fin 2025, en raison d’un marché du travail jugé moins solide. De son côté, la BCE reste attentiste mais pourrait être amenée à assouplir sa politique d’ici six mois, compte tenu de la faible croissance et de la modération de l’inflation en zone euro. Aux États-Unis, l’impasse budgétaire a mené à un « shutdown », qui, s’il accentuait le ralentissement économique amorcé, pourrait favoriser les baisses de taux futures. En France, la crise politique s’accentue : le gouvernement de Sébastien Lecornu a démissionné quelques heures après sa constitution. L’instabilité institutionnelle avait déjà contribué à la dégradation de la note de crédit française, sans toutefois entrainer de panique sur les marchés obligataires. Les tensions géopolitiques demeurent fortes, entre Ukraine, Gaza, et pressions sur l’Europe via des incursions d’avions et de drones russes. Malgré un contexte politique et économique moins favorable, les marchés boursiers ont donc continué à monter, portés par les perspectives de baisses de taux et l’enthousiasme autour des valeurs technologiques. Compte tenu des niveaux atteints, cette euphorie pourrait laisser place à une phase de consolidation bienvenue et éviter une correction car les résultats des sociétés du S&P500 sont encore attendus en hausse au 3ème trimestre. De plus, une stabilisation des marchés américains pourrait coïncider avec un nouveau rattrapage à la hausse des Bourses européennes sauf peut-être en France, même si les investisseurs semblent avoir déjà intégré les risques politiques français. En conclusion, une pause ou un repli léger des marchés est plus probable qu’un retournement brutal. Dans ce contexte, les perspectives des actions nous semblent toujours aléatoires à court terme même si les tendances positives récentes confirment les orientations favorables à moyen terme qu’il faut exploiter lors des moments de doutes. Il nous semble toujours judicieux d’attendre des phases de replis (entre 3 et 5 %) pour augmenter le poids des actions dans les portefeuilles. Nos prévisions sur les indices ont été relevées pour intégrer leurs tendances récentes. Compte tenu de leurs niveaux actuels, le potentiel de hausse des indices est très faible d’ici fin décembre et il reste d’environ 5 % à juin 2026. Nous maintenons une opinion Neutre à court terme et Surpondérer à moyen terme, sur les actions américaines et européennes. Les perspectives des actions françaises semblent toujours fragiles. Sur les produits de taux, nous gardons une note Neutre à court et moyen terme. Nous relevons notre opinion court terme à Neutre sur les obligations émergentes. Le crédit européen reste Surpondérer à moyen terme ainsi qu’à court terme pour les obligations à haut rendement.
Les marchés actions mondiaux, exprimés en euro, ont encore affiché de solides performances sur le mois de septembre, dans la continuité du mois d’août. Les Bourses émergentes ont enregistré les meilleures progressions (+6.6 %), tandis que Wall Street a poursuivi sa dynamique (+3.2 % en euros) notamment portée par le thème de l’intelligence artificielle. En dollar, les indices américains ont eu un comportement quasi similaire, progressant de 3.6 %. Les marchés européens ont continué de sous-performer (+1.5 % en moyenne). Sur les marchés obligataires, la détente des taux a été limitée mais assez large sauf en France.
Les données économiques publiées en septembre ont montré une modération assez générale du rythme de la croissance mondiale. En premier lieu, aux États-Unis, les données d’activité ont confirmé un essoufflement du marché du travail et une décélération de la consommation, même si les revenus des ménages progressent encore. L’inflation a légèrement accéléré. En Europe, le rythme d’activité a continué à s’éloigner lentement de la zone de stagnation mais la situation reste très fragile. Dans le reste du Monde, la croissance chinoise s’est timidement améliorée. Elle a ralenti en Inde et au Japon. Enfin, au Brésil, la contraction de l’activité s’est accentuée.
La Réserve fédérale américaine a repris son cycle de baisse des taux, lors de sa réunion du 17 septembre, avec une réduction de 25 points de base, comme largement anticipé. Mais ce sont surtout les nouvelles projections du FOMC qui ont retenu l’attention. Elles tablent désormais sur deux baisses supplémentaires d’ici la fin de l’année, contre une seule auparavant. Jerome Powell justifie cette inflexion par l’affaiblissement du marché du travail, qu’il ne considère plus comme étant solide. Le président de la Fed souligne que le net ralentissement des créations d’emplois s’explique en grande partie par les restrictions migratoires, qui limitent l’offre de main-d’oeuvre. La Fed a d’ailleurs abaissé sa prévision de chômage pour 2025, de 4.5 % à 4.4 %, tout en relevant ses estimations de croissance et d’inflation. Par ailleurs, le patron de la banque centrale américaine a estimé que l’effet des droits de douane sur l’inflation serait probablement temporaire et se résorberait assez vite dans l’économie. La dissidence du nouveau gouverneur Stephen Miran, nommé par Donald Trump, a toutefois marqué la réunion. Partisan d’une baisse de 50 points de base et d’un assouplissement de 150 points d’ici décembre, il affiche des prévisions jugées irréalistes aux accents politiques. Ces positions laissent entrevoir la ligne que pourraient adopter les prochains membres de la Fed nommés par Trump, y compris son futur président. La question de l’indépendance future de l’institution reste donc posée pour 2026. Mais, à plus court terme, la Fed a donc opté pour une orientation monétaire plus accommodante, qui continue d’alimenter l’appétit pour le risque et la progression des marchés actions américains.
En zone euro, la BCE a maintenu sa posture attentiste. Elle a laissé ses taux inchangés lors de sa réunion de septembre, maintenant le taux de dépôt à 2 %. Christine Lagarde a confirmé que le Conseil des gouverneurs reste guidé par les données économiques, considérant que le risque est désormais symétrique. Cependant, le consensus s’attend à ce que la conjugaison de la faiblesse conjuguée de la croissance en zone euro et la trajectoire baissière de l’inflation amène la BCE à assouplir cette position dans les six prochains mois.
Les blocages politiques se multiplient. Les Républicains et les Démocrates n’étant pas parvenus à trouver un accord sur le budget fédéral, le « shutdown » (fermeture partielle des administrations) a été instauré aux États-Unis le 30 septembre, le précédent remontant à 2018 lors du premier mandat de Donald Trump ayant duré un peu plus d’un mois. Il comporte la mise au chômage technique de centaines de milliers de fonctionnaires et bloque les dépenses fédérales non essentielles. De manière contre-intuitive, cet arrêt n’est pas nécessairement perçu négativement par les marchés, bien que son impact sur le PIB soit estimé entre -0.1 % et -0.2 % par semaine. Cette réaction s’explique premièrement par le fait que les investisseurs considèrent ce « choc » comme un facteur renforçant la probabilité et l’ampleur des futures baisses de taux de la Fed. Deuxièmement, les investisseurs intègrent que le Congrès finit presque toujours par trouver un accord, et que les marchés rebondissent ensuite. Cette paralysie partielle ne doit toutefois pas s’éterniser car elle pourrait porter atteinte à la croissance américaine déjà en phase de fragilisation.
En France, sans surprise, les députés n’ont pas accordé leur confiance à François Bayrou, provoquant la chute de son Gouvernement. C'est Sébastien Lecornu qui l’a remplacé, dans un contexte de blocage parlementaire et d’absence de majorité claire à l’Assemblée. Dès ses premières consultations, celui-ci a été confronté à une défiance généralisée, entre les critiques de la gauche, les réserves des partenaires sociaux et la menace de motion de censure. Le 6 octobre, moins de 30 jours après sa nomination, il a présenté sa démission, moins de 24 heures après avoir dévoilé la liste de ses ministres. Il devient ainsi le Premier ministre le plus éphémère de la 5ème République. Cependant, Emmanuel Macron a souhaité que Sébastien Lecornu mène « d’ultimes discussions avec les forces politiques » pendant 48 heures et s’est dit prêt à « prendre ses responsabilités » en cas de nouvel échec du Premier ministre démissionnaire. Cela pourrait annoncer une dissolution de l’Assemblée nationale. Cette crise institutionnelle renforce l’incertitude politique en France, ravivant les doutes quant à la stabilité du pouvoir exécutif et à la capacité de l’État à gouverner efficacement. Le pays se retrouve une nouvelle fois dans l’impasse. Cette instabilité persistante limite la visibilité des consommateurs, des investisseurs et des chefs d’entreprise et ne permet pas de voter les réformes donc le pays a besoin. D’ailleurs, la France a également vu sa note de crédit dégradée en septembre par l’agence de notation Fitch, passant ainsi de AA- à A+, ce qui n’avait cependant pas surpris les investisseurs, ni provoqué de soubresaut sur les emprunts d’Etats.
Néanmoins, si la probabilité de crise financière semble minime à court terme, ce risque pourrait continuer à peser sur les rendements obligataires, avec les taux OAT qui ont continué de s’écarter par rapport aux taux allemands, alors que ceux des pays du Sud s’en sont rapprochés, bénéficiant d’une amélioration de leur notation grâce à la réduction de leur endettement et à leur croissance plus soutenue.
La guerre commerciale persiste mais n’inquiète guère les marchés. Sur le plan juridique, la cour d’appel fédérale a déclaré illégales les taxes douanières mises en place par Donald Trump mais son administration a saisi la Cour suprême pour annuler cette décision. Dans l’attente du jugement, les droits de douane restent en vigueur. En fin de mois, Donald Trump a annoncé mettre en place des droits de douane de 100% sur les médicaments brevetés, 25% sur les poids lourds et 50% sur les armoires de cuisine et les lavabos ! Face à la menace, le laboratoire Pfizer a accepté de baisser ses prix pour les patients américains et a annoncé investir 70 milliards de dollar supplémentaires dans ses usines américaines. En contrepartie, Pfizer bénéficiera d’une exemption de droits de douane sur trois ans. Cette nouvelle a provoqué un fort rebond de ce secteur sur toutes les Bourses, les investisseurs s’attendant à des démarches similaires de la part des autres grands laboratoires pharmaceutiques. Par ailleurs, les discussions avec la Chine et l’Inde se poursuivent, ce dernier pays étant visé par l’administration Trump à cause de ses achats de pétrole russe. En Europe, les détails des accords avec les Etats-Unis restent à finaliser et la Commission européenne souhaiterait également réduire les quotas d’importation d’acier et instaurer des droits de douane de 25 à 50 % au-delà de ces quotas afin de préserver son industrie sidérurgique face aux importations chinoises.
Le contexte géopolitique reste tendu. Les perspectives d’arrêt du conflit en Ukraine s’éloignent. La Russie ne manifeste aucune volonté d’apaisement et poursuit ses bombardements. Cette situation irrite le Président américain qui a opéré un revirement et soutient davantage l’Ukraine. Par ailleurs, les violations de frontières européennes par des drones et des avions russes constituent une nouvelle source de tension. Par ailleurs, le Président américain fait du forcing pour obtenir un accord sur son plan d’arrêt des hostilités à Gaza mais l’adhésion à son projet de zone administrée sous contrôle international reste floue.
Le mois de septembre illustre le contraste grandissant qui existe entre un contexte économique et politique moins favorable et la hausse des Bourses mondiales. Comment l’expliquer ? Comme nous l’avons déjà indiqué, la modération de l’activité américaine est compensée par des anticipations de baisse des taux plus forte. Celles-ci entrainent la progression des indices américains, ce qui alimente un optimisme général sur les marchés. De plus, des annonces d’entreprises dans le secteur technologique ont entrainé des hausses fortes et rapides des titres de ces sociétés dans un climat euphorique : meilleures perspectives pour Oracle +25%, partenariat entre AMD (+25%) et Open AI suivant de peu celui entre Nvidia et Open AI, entrée de Nvidia au capital d’Intel (+35%). Plus généralement, les annonces d’investissements gigantesques en semi-conducteurs de puissance pour les data centers a dopé tout le secteur : Micron +40%, Lam Research +35%, Applied Materials +27%, KLA +23%, Broadcom +10%.... Après ces mouvements violents ayant fortement renchéri les valorisations des titres, des actions d’autres secteurs et d’autres pays, moins chères et plus attractives ont pris le relai.
La question lancinante reste principalement celle de la cherté des actions américaines et du risque de repli en cas de déception sur les entreprises ou sur l’économie. Certes, les PER des actions américaines mais aussi européennes sont revenus au plus haut des trois dernières années. Les résultats du 3ème trimestre des sociétés du S&P500 sont attendus en hausse de 8%, chiffre qui est pour l’instant largement dépassé sur les 20 sociétés qui ont déjà publié leurs résultats. Plus qu’un risque de déception toujours possible, c’est peut-être plus la nécessité de souffler après une forte hausse qui peut engendrer un repli des indices en cette période de l’année propice à ce genre d’évènement. Mais, par ailleurs, le bon comportement des indices européens, en dépit d’une faible croissance des bénéfices attendue pour 2025, a ramené un regain d’optimisme et des flux acheteurs internationaux qui visent une amélioration de la profitabilité des entreprises en 2026. Ainsi, on ne peut pas exclure une moindre hausse ou une stagnation des indices américains accompagnées par une progression de certains indices européens. Les attentions se portent davantage vers l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne plutôt que vers la France, engluée dans son instabilité politique, mais que certains observateurs jugent néanmoins déjà bien intégrée dans les cours actuels. En résumé, il faut plutôt s’attendre à une pause salutaire ou à un petit repli des indices qu’à l’éclatement d’une bulle spéculative qui n’est peut-être pas encore assez mure.
Dans le contexte actuel, les perspectives des actions nous semblent toujours aléatoires à court terme même si les tendances positives récentes confirment les orientations favorables à moyen terme qu’il faut exploiter lors des moments de doutes. Il nous semble toujours judicieux d’attendre des phases de replis (entre 3 et 5 %) pour continuer à augmenter le poids des actions dans les portefeuilles.
Nos prévisions sur les indices ont été ajustées à la hausse, pour intégrer leurs tendances récentes. Compte tenu de leurs niveaux actuels, le potentiel de hausse des indices est très faible d’ici fin décembre et il reste d’environ 5 % à juin 2026.
Nous maintenons une opinion Neutre à court terme et Surpondérer à moyen terme, sur les actions américaines et européennes. Malgré leur rebond, les perspectives des actions françaises semblent toujours fragiles, en particulier celles dont l’activité est la plus domestique.
Sur les produits de taux, nous gardons une note Neutre à court et moyen terme. Nous relevons notre opinion court terme à Neutre sur les obligations émergentes. Le crédit européen reste Surpondérer à moyen terme ainsi qu’à court terme pour les obligations à haut rendement.
Lors de notre dernier comité d’allocation d’actifs fin septembre, nous avons légèrement baissé la pondération des actions (Europe et Etats-Unis) de 49.6 % à 49.2 %. En parallèle, nous avons marginalement augmenté l’exposition aux produits de taux. Nous avons maintenu équivalente la part de liquidités.