Le reflux des tensions commerciales l’emporte sur les signes de modération de l’activité.

Les marchés boursiers mondiaux ont affiché de solides performances au mois de mai, portés par une atténuation des tensions commerciales, grâce à la conclusion de plusieurs accords douaniers, notamment entre les États-Unis et le Royaume-Uni et avec certains pays asiatiques. Une trêve temporaire a également été signée avec la Chine, pour une durée de 90 jours, réduisant de 115 % les droits de douane initialement mis en place par les deux pays. Le dialogue reste ouvert entre les deux puissances, et les investisseurs restent confiants quant à la conclusion d’un accord final mutuellement bénéfique. De plus, le Tribunal du commerce international des États-Unis a jugé certains droits de douane illégaux et ordonné leur suppression, bien qu’un sursis ait été accordé par une cour d’appel. Si elle est appliquée, cette décision pourrait entraîner une forte baisse des tarifs douaniers, même si Donald Trump pourrait la contourner par des mesures plus ciblées mais surtout plus limitées. Ces évolutions favorables ont soutenu le rebond boursier, mais les valorisations américaines élevées rendent les marchés sensibles à tout retournement conjoncturel alors que la consommation et l’investissement montrent des signes de ralentissement. Les taux restent sur des niveaux élevés, ce qui pose question dans un contexte de refinancement de la dette américaine et de baisse des impôts voulue par l’administration Trump. En Europe, les valorisations sont plus raisonnables, alors que le point bas économique a probablement été atteint et que la zone bénéficie d’un stimulus budgétaire important. De plus, la BCE poursuit la baisse de ses taux pour soutenir la croissance, en contraste avec la Fed, encore contrainte par des pressions inflationnistes et un marché du travail tendu. 
Aux cours actuels, les actions nous semblent moins attractives à court terme. Le rebond sensible les a également renchéries alors que les abaissements des prévisions de résultats pourraient persister en particulier aux Etats-Unis.
Comme le mois dernier, il nous semble judicieux d’attendre de nouveaux replis (entre 3 et 5 %) pour continuer à augmenter le poids des actions dans les portefeuilles. Néanmoins, nous avons relevé nos prévisions sur tous les indices pour intégrer la diminution des risques liés à la guerre commerciale. Compte tenu de leurs niveaux actuels, le potentiel de hausse des indices reste nul à fin juin. Il est d’environ 5 % à fin décembre. Nous préférons maintenir encore quelques temps une opinion Neutre sur les actions à court et moyen terme, avec un biais plus positif sur les actions européennes. Sur les produits de taux, nous gardons une note Neutre à court et moyen terme. Les obligations privées européennes de la zone euro conservent un certain attrait.


Les performances des indices boursiers mondiaux, exprimées en euros, ont été positives en mai. Les marchés américains ont fortement rebondi (+6,5 % en euros), surperformant les marchés européens (+3,9 % en moyenne). Les marchés émergents ont également affiché une progression soutenue (+4,1 %). Le rebond amorcé à la mi-avril s’est poursuivi essentiellement dans la 1ère moitié du mois. Les indices mondiaux sont désormais proches de leurs sommets de début d’année, à l’exception des indices américains convertis en euros, pénalisés par la dépréciation du dollar. Les marchés obligataires sont restés globalement stables. Le dollar, quant à lui, est resté globalement inchangé sur le mois, malgré une volatilité marquée et la persistance d’une mini-crise de confiance.

Les négociations sur les droits de douane se sont poursuivies sur le mois et quelques accords ont été signés, notamment entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Celui-ci prévoit de fixer les droits de douane américains à 10 % sur la majorité des biens britanniques et de baisser les droits de douane britanniques sur les exportations américaines. Par ailleurs, un accord temporaire a été conclu entre Washington et Pékin. Les droits de douane américains sur les produits chinois sont abaissés de 145 % à 30 %, et ceux appliqués par la Chine sur les produits américains passent de 125 % à 10 %, pour une période de 90 jours. Ce niveau est bien plus favorable que les 60 % annoncés par Donald Trump pendant sa campagne. Toutefois, il ne s’agit que d’une suspension provisoire et l’incertitude reste élevée quant à l’issue d’un accord commercial durable entre les deux puissances. A l’inverse, les choses pourraient prendre une tout autre tournure car les droits de douane voulus par Donald Trump pourraient être tout simplement annulés. En effet, le 29 mai, le Tribunal du commerce international des États-Unis a jugé illégaux certains droits de douane décrétés par le Président, estimant qu’ils excédaient les pouvoirs conférés par la loi IEEPA (International Emergency Economic Powers Act). La décision unanime exige leur suppression sous 10 jours, mais une Cour d’Appel a temporairement suspendu l’exécution de cette mesure. Si elle est appliquée, cette décision réduirait considérablement les taux moyens de droits de douane, notamment vis-à-vis de la Chine. Le taux moyen effectif des droits de douane passerait alors d’environ 20 % à environ 5 %. Certes, Trump pourrait contourner cette décision par des mesures plus ciblées et limitées, mais légales.
 
C’est donc une très bonne nouvelle puisque cela réduit le risque d’un retour aux taux excessifs du « libération day » du 2 avril et montre qu’il existe des gardes fous aux initiatives extravagantes de Donald Trump.

Les développements du mois de mai concernant la politique commerciale mondiale vont donc globalement dans le bon sens, ce qui a favorisé la poursuite du rebond amorcé à la fin du mois d’avril. 

Cette nouvelle hausse a entraîné une remontée des indices américains vers des niveaux de valorisation historiquement élevés. En conséquence, ces marchés deviennent plus vulnérables à une éventuelle détérioration de la conjoncture économique américaine, d’autant que le risque de ralentissement de la consommation des ménages demeure, tout comme celui d’un fléchissement des investissements. Certaines données économiques confirment ce ralentissement, à l’image des indices directeur d’achats dans l’industrie et les services qui sont désormais tous les deux en contraction, à respectivement 48.5 et 49.9. Ce ralentissement s'inscrit dans un contexte de remise en question de l’exceptionnalisme américain, alimentée par la versatilité de Donald Trump et sa remise en cause des institutions, notamment l’indépendance de la Fed.

Les Bourses européennes semblent plus immunes grâce à des valorisations plus modérées et à un cycle économique qui semble avoir touché son point bas. La région bénéficie désormais d’une perspective de réaccélération, soutenue par une politique budgétaire toujours expansive, notamment via les plans de relance allemand et européen. Rappelons qu’un plan d’investissement historique de 500 milliards d’euros sur douze ans a été adopté en Allemagne pour moderniser les infrastructures, incluant l’assouplissement du « frein à l’endettement public » afin de financer les dépenses militaires et régionales. Parallèlement, l'Union européenne a lancé le programme « ReArm Europe », doté de 800 milliards d’euros, visant à moderniser les forces armées, renforcer les infrastructures militaires et accélérer la production d'équipements stratégiques. 

Enfin, la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) continue d’apporter un soutien supplémentaire aux marchés. Poursuivant son cycle de baisse des taux, la BCE cherche à atténuer les effets du ralentissement économique et à restaurer la confiance des investisseurs. Cette politique accommodante contraste avec celle de la Réserve fédérale américaine, qui reste sous pression face à un marché du travail qui reste robuste et des risques inflationnistes que la politique commerciale des Etats-Unis rend encore difficiles à estimer.
La situation reste cependant plus fragile en France, où les risques sont plus marqués. Le pays fait face à des tensions budgétaires persistantes dont la résolution pourrait fragiliser le Gouvernement actuel avec un nouveau risque de censure.
D’autres évolutions favorables sont toutefois à signaler pour les Etats-Unis et l’économie mondiale dans son ensemble.
Premièrement l’inflation a continué de baisser y compris aux Etats-Unis et en Europe. De plus, les prix du pétrole restent à de faibles niveaux, ce qui aura pour conséquence de limiter l’impact inflationniste de la hausse des droits de douane et d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages.
Par ailleurs, la perspective de baisse d'impôts annoncée par l'administration Trump, bien que conditionnée à son financement, ainsi que la poursuite de la déréglementation économique, pourraient soutenir l'activité américaine. 
Sur le plan géopolitique, un éventuel cessez-le-feu en Ukraine devrait constituer un facteur de soutien supplémentaire, en réduisant l’incertitude liée au conflit. Toutefois, les négociations semblent actuellement dans l’impasse.
Au Moyen-Orient, les tensions entre Israël et l’Iran se sont ravivées, avec un risque accru d’attaque israélienne sur les installations nucléaires iraniennes dont les conséquences demeurent imprévisibles. En revanche, la poursuite des négociations entre les Etats-Unis et l’Iran est encourageante. Pour l’instant, ces évolutions géopolitiques ne perturbent pas les marchés.

En résumé, le rebond supplémentaire des indices au cours du mois dernier nous semble justifié. Mais, les incertitudes qui subsistent pourraient entraver la poursuite de la hausse à court terme et même occasionner de nouveaux replis, moins sévères que celui du mois d’avril en cas de déceptions économiques persistantes. 

Aux cours actuels, les actions nous semblent moins attractives à court terme. Le rebond sensible les a également renchéries alors que les abaissements des prévisions de résultats pourraient persister en particulier aux Etats-Unis.

Comme le mois dernier, il nous semble judicieux d’attendre de nouveaux replis (entre 3 et 5 %) pour continuer à augmenter le poids des actions dans les portefeuilles.

Néanmoins, nous avons relevé nos prévisions sur tous les indices pour intégrer la diminution des risques liés à la guerre commerciale. Compte tenu de leurs niveaux actuels, le potentiel de hausse des indices reste nul à fin juin. Il est d’environ 5 % à fin décembre.

Nous préférons maintenir encore quelques temps une opinion Neutre sur les actions à court et moyen terme, avec un biais plus positif sur les actions européennes. Sur les produits de taux, nous gardons une note Neutre à court et moyen terme. Les obligations privées européennes de la zone euro conservent un certain attrait.

Lors de notre dernier comité d’allocation d’actifs fin mai, nous avons légèrement réduit la pondération des actions de 51.8 % à 49 %. En parallèle, nous avons renforcé l’exposition aux produits de taux, principalement via des fonds obligataires multi-stratégies. Nous avons également augmenté la part des liquidités.

 

Sommaire :

Editorial
Economie : malgré des espoirs d’apaisement, la guerre commerciale semble peser sur l’activité.
- Etats-Unis : le rythme de l’activité a stagné en mai tandis que l’inflation a poursuivi son reflux.
- Zone Euro : le rythme de l’activité s’est rapproché de la stagnation en mai et la baisse de l’inflation a repris.
- Japon : retour de l’activité à la stagnation en mai et reprise de la baisse de l’inflation.
- Pays émergents : expansion atténuée en Inde, retour en légère contraction en Chine, poursuite de celle-ci au Brésil.
Marchés de taux d’intérêt : FED et BCE divergent toujours, les taux longs également.
Marchés des changes et des Matières Premières : dollar stable, hausse du pétrole, baisse de l’or.
Résultats des entreprises : prévisions 2025 et 2026 encore abaissées mais plus faiblement.
Evolutions des secteurs européens : légère sous-performance des grandes capitalisations.
Evolutions des indices sectoriels américains : regain d’intérêt pour les technologiques.
Evolution des marchés actions : rebond des actions mené par les actions américaines.
Valorisation des marchés actions : légère augmentation de l’écart entre Etats-Unis et Europe.
Stratégie d’investissement : opinion Neutre maintenue sur les actions à court et moyen terme.
Allocation d’actifs d’un fonds patrimonial Equilibré : légère baisse du poids des actions.

Vincent GUENZI
Directeur de la Stratégie d’Investissement
Dorian FOULON
Gérant de portefeuille
 
Achevé de rédiger le 6 juin 2025


Les avis et opinions que CHOLET-DUPONT-OUDART est susceptible d’émettre, dans cette étude, sur les marchés financiers et/ou les instruments financiers, ne peuvent engager sa responsabilité et peuvent changer à tout moment. Cette communication est faite uniquement à titre d’information de son destinataire. Elle s’appuie sur des données publiques et des études de place considérées comme fiables à la date de la diffusion de la présente étude, néanmoins CHOLET-DUPONT-OUDART ne garantit pas ces éléments. Par ailleurs CHOLET-DUPONT-OUDART attire l’attention de l’investisseur sur le fait que les performances passées ne préjugent pas des performances futures et que la valeur des investissements peut varier à la hausse et à la baisse.



Cette page a été publiée le 10/06/2025