A regarder la légère progression des indices boursiers depuis le 30 juin, un observateur pourrait en conclure que la trêve estivale a été d’un calme olympien. Pourtant, ces deux mois ont été riches en évolutions économiques et financières et en évènements inattendus. Les indices boursiers mondiaux ont gagné en moyenne 3%. Les taux d’intérêt à long terme ont reculé de manière générale entrainant des gains de 2 à 3% des produits obligataires. Ces mouvements plutôt positifs masquent une volatilité importante sur les marchés financiers entre la mi-juillet et le début du mois d’août, période où les indices actions ont perdu rapidement parfois plus de 10%, comme au Japon, avant de combler leurs pertes au cours du mois d’août.
Aujourd’hui, les points à retenir sont la modération de l’activité américaine et la poursuite de la désinflation mondiale. Ceci laisse entrevoir davantage d’assouplissements monétaires en particulier aux Etats-Unis prochainement ce qui devrait soutenir les marchés. Cela se traduit par une vue plus positive pour les marchés obligataires et les produits de taux. A l’inverse, les craintes de ralentissement économique plus prononcé malgré le renfort de la FED et une certaine lassitude des investisseurs pour les grandes valeurs technologiques pourraient provoquer de nouveaux épisodes de volatilité à l’automne où se dérouleront aussi les élections présidentielles américaines. L’environnement global comporte encore de nombreux facteurs d’incertitude.
Pour les marchés actions, nous restons toujours prudents et attentistes. Nous préférons attendre une amélioration de la visibilité ou de meilleures opportunités pour renforcer le poids des actions dans les portefeuilles où nous maintenons une légère sous-pondération. Une nouvelle petite correction des Bourses nous parait probable à l’automne mais l’assouplissement des politiques monétaires en fin d’année devrait leur permettre de rebondir pour retrouver les niveaux actuels.
A regarder la légère progression des indices boursiers depuis le 30 juin, un observateur pourrait en conclure que la trêve estivale a été d’un calme olympien. Pourtant, ces deux mois ont été riches en évoluions économiques et financières et en évènements inattendus.
Les indices boursiers mondiaux ont gagné en moyenne 3% à l’exception de ceux du Japon et de la Chine qui ont reculé. Les taux d’intérêt à long terme ont reculé de manière générale entrainant des gains de 2 à 3% des produits obligataires. En revanche, les cours des matières premières ont sensiblement reculé et le dollar s’est déprécié. Ces mouvements plutôt positifs masquent une volatilité importante sur les marchés financiers entre la mi-juillet et le début du mois d’août, période où les indices actions ont perdu rapidement parfois plus de 10%, comme au Japon, avant de combler leurs pertes au cours du mois d’août.
Les catalyseurs de ces mouvements ont été multiples, macro ou microéconomiques et monétaires. L’activité au cours du 2ème semestre s’est avérée meilleure que prévue dans les grands pays développés, au Brésil et inférieure aux attentes en Inde, où elle reste très soutenue, et en Chine où les Autorités n’arrivent pas à contrer son ralentissement. Mais au début de l’été, des indicateurs avancés ont commencé à faiblir et, en particulier, le marché du travail américain. Par ailleurs, les résultats des entreprises du 2ème trimestre, publiés à partir du 15 juillet, ont été assez mitigés et jugés décevants notamment dans des secteurs moteurs comme celui de la technologie américaine. Enfin, les chiffres d’inflation disponibles à ce moment pour les Etats-Unis ou l’Europe n’étaient pas suffisamment favorables pour augmenter les anticipations d’assouplissements monétaires des Banques Centrales. La Banque du Japon a été à l’origine d’un brusque trou d’air des actions, en relevant ses taux de 0.15% à 0.25% et surtout avec l’interview d’un Gouverneur qui n’a pas exclu que ceux-ci remontent jusqu’à 1% ! Ses propos ont été heureusement démentis le jour même et la panique qu’il a engendrée (-12% à Tokyo) et qui s’était propagée sur les autres marchés s’est rapidement calmée. Cet épisode illustre à nouveau la fragilité des marchés quand sont abandonnées des politiques monétaires longtemps laxistes qui ont engendré une spéculation trop importante. Par la suite, le retour au calme a été également favorisé par des données américaines et européennes plus réconfortantes sur l’activité ou sur l’inflation. Et, en effet, la FED a officiellement annoncé par son Président que le moment était venu d’ajuster sa politique monétaire ce qui a rassuré les investisseurs.
Aujourd’hui, la situation est toujours difficile à apprécier. D’un côté, l’activité américaine reste assez soutenue malgré une modération qui continue à toucher le marché du travail. La FED parait dorénavant convaincue que la désinflation va se poursuivre vers 2 % et ne souhaite pas voir le marché de l’emploi se détériorer. Elle devrait baisser ses taux le 18 septembre d’au moins 0.25% et les marchés anticipent 0.75% de baisse supplémentaire d’ici la fin de l’année, ce qui nous semble trop optimiste. Nous revenons donc à la question maintes fois par le passé : La FED réussira-t-elle l’atterrissage en douceur de l’activité en évitant une récession ? Aujourd’hui les marchés pensent que oui mais nous n’aurons pas la réponse définitive avant plusieurs mois, ce qui peut à nouveau engendrer de la volatilité sur les marchés. Nous surveillerons particulièrement l’évolution d’indicateurs avancés, comme la courbe des taux, pour essayer d’anticiper une récession dont la probabilité actuelle reste faible. En Europe, la désinflation a repris, avec un chiffre provisoire de +2.2% publié fin août, ce qui est de bon augure pour que la BCE continue sa politique prudente de réduction progressive de ses taux directeurs. L’ampleur des déficits budgétaires constitue néanmoins un double obstacle, à la fois pour les Banques Centrales mais aussi pour les perspectives économiques du fait des réductions des dépenses publiques ou des hausses d’impôts devenues très probables.
De ce point de vue, l’actualité politique a été plutôt chargée. Keir Stamer, le nouveau premier ministre anglais travailliste « bon teint » vient de réaffirmer que des choix douloureux seront à faire pour redresser les comptes publics. Michel Barnier, récemment nommé en France, n’aura pas non plus d’alternative, s’il parvient à éviter la censure de son Gouvernement suffisamment longtemps. Sa nomination met heureusement fin à plusieurs mois d’incertitudes et de craintes sur un brutal changement de cap économique. Enfin, même en Allemagne, où le niveau de la dette est maitrisé, l’heure revient aux réductions budgétaires. Les entreprises et les consommateurs européens pourraient en faire les frais après plusieurs années dispendieuses. Enfin, aux Etats-Unis, Joe Biden a fini par annoncer le retrait de sa candidature à l’élection présidentielle en juillet. Sa remplaçante, Kamala Harris, a rapidement comblé son retard face à Donald Trump dans les sondages. Sa politique économique, plus sociale, serait certainement moins favorable aux grandes entreprises (santé, monopoles de la technologie) et aux ménages (hausses d’impôts). Sa politique étrangère, proche de celle de Biden, serait moins dramatique pour l’Europe que celle de Trump tout en maintenant la pression sur la Chine ou la Russie. En conclusion, la visibilité politique semble s’améliorer mais les prochains mois peuvent encore nous réserver des surprises !
L’aggravation des tensions géopolitiques, avec la contre-attaque ukrainienne à Koursk ou les affrontements entre Israël et l’Iran, ne sont clairement pas une priorité pour les marchés actuellement. La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis ou l’Europe commence à avoir un impact sur le secteur automobile ou le luxe ainsi que sur le secteur des semiconducteurs (avec l’interdiction de la fourniture de matériels très modernes).
Pour les différentes classes d’actifs, l’environnement global est donc ni négatif, ni positif mais il comporte encore de nombreux facteurs d’incertitude.
Cela se traduit par une vue plus positive pour les marchés obligataires. La poursuite des assouplissements monétaires des Banques Centrales est un bon soutien. Jusqu’à présent, la sécurité et le rendement des sicav monétaires était excellents, mais l’attractivité des emprunts d’Etat a augmenté aux Etats-Unis et dans les pays périphériques d’Europe ou émergents ainsi que pour les obligations privées.
Concernant les actions, la révision à la baisse des estimations de résultats qui est intervenue depuis deux mois est un facteur défavorable. Elle illustre à la fois la montée des craintes sur l’activité dans certains secteurs (automobile, tourisme-loisirs, pétrole, produits de base), sur les marges pour d’autres secteurs (industrie, consommation) ou encore la perte de confiance dans la forte croissance des secteurs leaders (technologie US, luxe européen par exemple). Parallèlement, les valorisations des actions américaines sont restées élevées et elles ont un peu augmenté en Europe. Par ailleurs, une certaine défiance s’est installée sur les secteurs et les valeurs les plus performants et les plus importants de la côte aux Etats-Unis (les 7 Magnifiques) et en Europe (ASML, Luxe, Automobile). La rotation qui s’est opérée aux Etats-Unis vers des secteurs plus défensifs (consommation courante, immobilier, services publics, santé) reflète également les préoccupations des investisseurs sur la poursuite du cycle. En Europe, les mêmes effets se constatent sur les secteurs Immobilier, Télécoms et Services Publics. Ces secteurs qui bénéficient aussi de la baisse des taux performent d’ailleurs mieux que les valeurs moyennes qui sont sensés en profiter également.
Le contexte actuel nous pousse donc à rester toujours prudents et attentistes. En effet, de nouveaux points bas et de la volatilité pourraient apparaitre en automne, période traditionnellement plus difficile pour les marchés actions. Nous préférons attendre une amélioration de la visibilité ou de meilleures opportunités pour renforcer le poids des actions dans les portefeuilles. Nous maintenons une légère sous-pondération en actions.
Nous avons maintenu nos prévisions sur les indices CAC40 et Eurostoxx50 pour décembre 2024 et juin 2025 et relevé celles du S&P500 (de 4/5%). Nous avons baissé celles du Nikkei de 4% à fin décembre. Une nouvelle petite correction des Bourses nous parait probable à l’automne mais l’assouplissement des politiques monétaires en fin d’année devrait leur permettre de rebondir pour retrouver les niveaux actuels. De ce fait, le potentiel des indices à cette échéance est nul ou légèrement négatif. Une amélioration des perspectives économiques et des conditions financières en 2025 nous conduit à être plus optimistes à juin 2025 avec un potentiel de hausse de 6/8% pour les actions américaines et 8/10% pour les actions européennes.
Nous maintenons une opinion Neutre à court et moyen terme sur les actions. Nous laissons notre recommandation à court terme sur les actions américaines et européennes à Neutre. Nous gardons notre surpondération américaine à moyen terme.
Nous avons une vue plus positive sur les produits de taux. Nous relevons leur note court terme à Surpondérer et abaissons la note court terme des produits monétaires à Neutre. Nous relevons aussi celles des obligations européennes privées et émergentes à court terme.
Lors de notre dernier comité d’allocation d’actifs fin juillet (pas de comité en août), nous avions réduit la sous-exposition en actions. Nous avions notamment augmenté l’Europe pour profiter de la baisse causée par les mouvements politiques. Nous avions augmenté le poids des produits de taux et abaissé celui des matières premières.