Comme nous l’espérions, les marchés actions ont poursuivi leur progression en juillet et en août. Les marchés américains ont bénéficié des bons résultats des valeurs technologiques, notamment liées à l’IA, et des annonces du Président de la FED qui n’exclut plus de prochaines baisses de ses taux. Cette dynamique cache cependant une fragilité accrue, alimentée par les conséquences économiques de la politique commerciale de l’administration Trump et les pressions exercées sur la FED. Si l’économie américaine continue de résister, les signes de ralentissement se développent sur le marché de l’emploi. En Europe, l’été a été également positif pour les actions mais atténué par le retour de l’instabilité politique en France. Comme attendu, une majorité de députés a refusé d’accorder sa confiance à François Bayrou entraînant la démission du Premier Ministre et de son Gouvernement. Les regards sont maintenant tournés vers l’Elysée dans l’attente de la nomination d’un nouveau Premier Ministre sans majorité parlementaire, hypothèse la plus probable, ou bien d’une dissolution de l’Assemblée en cas de blocage. Les marchés seront bien entendu attentifs aux orientations politiques et économiques du futur Gouvernement. Les taux d’intérêt ont été orientés à la hausse en Europe, du fait des incertitudes budgétaires et de l’ampleur des besoins de financement des Etats alors qu’aux Etats-Unis, les anticipations de baisse des taux ont compensé ces facteurs défavorables. Les incertitudes qui subsistent pourraient entraver la poursuite de la hausse dans les prochaines semaines et même occasionner des replis brefs et limités, en cas de déceptions sur l’activité, sur l’évolution des taux, sur les résultats trimestriels ou sur le conflit ukrainien. Dans le contexte actuel, les perspectives des actions nous semblent plus aléatoires à court terme même si elles conservent globalement des tendances favorables à moyen terme qu’il faut exploiter lors des moments de doutes. Il nous semble toujours judicieux d’attendre de nouveaux replis (entre 3 et 5 %) pour continuer à augmenter le poids des actions dans les portefeuilles. Nos prévisions sur les indices américains et japonais ont été relevées, pour intégrer leurs tendances plus positives, celles des indices européens abaissées. Compte tenu de leurs niveaux actuels, le potentiel de hausse de ces indices est très faible d’ici fin décembre. A juin 2026, il est d’environ 5 % en Europe et proche de zéro aux Etats-Unis. Nous maintenons une opinion Neutre à court terme et Surpondérer à moyen terme, sur les actions américaines et européennes alors que les perspectives des actions françaises pourraient s’assombrir. Sur les produits de taux, nous gardons une note Neutre à court et moyen terme. En Europe, nous adoptons une opinion Neutre à court terme sur les emprunts d’Etat. Nous revenons à Neutre à court terme sur les emprunts d’Etat américains. Le crédit européen reste Surpondérer à moyen terme.
Les marchés actions mondiaux, exprimés en euro, ont affiché de solides performances cet été. Les Bourses chinoises et japonaises se sont distinguées, enregistrant les meilleures progressions sur les mois de juillet et août (resp. 14 % et 5.7 %). Les marchés américains ont poursuivi leur bonne dynamique (+4.4 % en euros), surperformant les marchés européens (+1.6 % en moyenne). En dollar, les indices américains ont eu un comportement quasi similaire, progressant de 4.1 % au cours de l’été. Les marchés obligataires ont divergé. En Europe, les taux sont remontés, tandis que dans le reste du monde, ils ont reflué ou se sont stabilisés en juillet et en août, à l’image des emprunts d’État américains.
Les deux derniers mois ont été marqués par des évolutions politiques et géopolitiques dans la continuité des trimestres précédents.
Aux États-Unis, les marchés actions ont prolongé leur progression estivale, soutenus par de solides publications de résultats au deuxième trimestre, en particulier du côté des valeurs technologiques, avec un rôle central joué par les sociétés liées à l’intelligence artificielle. Cette dynamique positive ne doit toutefois pas masquer une fragilité accrue dans les autres segments du marché, où la confiance des investisseurs demeure affaiblie par les conséquences éventuelles de la politique commerciale de l’administration Trump et ses velléités d’ingérence dans la politique monétaire.
Parmi les événements marquants de l’été, les attaques répétées du président américain contre la Réserve fédérale ont occupé une place importante. Donald Trump a intensifié la pression sur les membres de la Fed afin d’obtenir une baisse rapide des taux directeurs, ce qui a accentué la méfiance des investisseurs, sans pour autant impacter les marchés. Dans cette logique de reprise de contrôle, le président américain a tenté de révoquer Lisa Cook, membre du conseil des gouverneurs, dans le but de placer une personnalité plus proche de ses orientations politiques et ainsi accroître son influence sur la banque centrale. Pour l’heure, cette tentative n’a pas abouti et c’est à la justice américaine de statuer sur cette décision.
Un autre dossier judiciaire de l’été a concerné les droits de douane réciproques, et ceux appliqués au Canada, au Mexique et à la Chine. Ils ont été déclarés illégaux par les tribunaux américains. La cour d’appel fédérale a jugé que le président avait outrepassé son autorité en se fondant sur l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA).
Ces droits de douane restent toutefois en place jusqu’au 14 octobre, le temps que la Cour suprême tranche la question. Cependant la composition actuelle de la Cour rend peu probable une remise en cause de ces mesures, ce qui devrait, finalement, avoir peu d’impact sur la politique commerciale voulue par Donald Trump, d’autant que celui-ci peut avoir recours à d’autres outils législatifs pour la mettre en œuvre.
Des avancées récentes dans les négociations commerciales internationales et l’accord signé avec l’Union Européenne (droits de douane de 15 %) ont apporté davantage de clarté et soutenu le retour de la confiance des investisseurs. Les accords sont assez favorables aux Etats-Unis qui comptent percevoir ainsi des recettes fiscales élevées qui compenseraient presque intégralement la hausse du déficit budgétaire votée par les Républicains début juillet. Le taux effectif moyen de taxation des importations s’est stabilisé autour de 18 % et pourrait même reculer légèrement dans les prochains mois, en raison de l’octroi de certaines exemptions. Ce niveau est jugé soutenable et n’est pas considéré comme suffisamment élevé pour peser durablement sur la croissance ou sur l’inflation. En outre, les investisseurs y voient plutôt un équilibre permettant de financer les mesures budgétaires sans créer de déséquilibres macroéconomiques majeurs.
En Europe, l’été a été marqué par une nette fragilisation des secteurs cycliques et value, notamment le secteur financier, sous la pression de l’incertitude politique en France. La décision de François Bayrou de recourir à un vote de confiance le 8 septembre a déclenché un repli des marchés actions (en France plus particulièrement) et une hausse des rendements obligataires. Bien que des mécanismes techniques existent pour pallier l’absence de budget, leur portée resterait limitée. Le risque d’une crise financière majeure demeure tout de même faible pour l’instant, à moins d’une escalade de l’incertitude politique ou de l’arrivée au pouvoir d’un parti plus radical.
Ce risque pourrait cependant continuer à peser sur les rendements obligataires, qui continuent de diverger, à l’image des taux français qui se sont écarté de plus de 10 points de base à la fin du mois d’août par rapport aux taux allemands. Les spreads de taux entre les Etats-Unis et l’Europe se sont également fortement réduits, avec une détente des taux américains alors que les taux européens ont continué leur progression. Selon nous, le risque de crise financière française s’accentuera quand les investisseurs considéreront que les recettes fiscales ne peuvent plus augmenter ni suivre la hausse des intérêts de la dette, selon le célèbre adage, « trop d’impôt tue l’impôt ». Visiblement, les investisseurs internationaux en sont encore loin, d’autant que l’Europe et la BCE ont mis en place des filets de sécurité depuis la crise des dettes européennes.
La divergence entre les banques centrales se réduit. Aux États-Unis, les pressions de Donald Trump sur la Réserve fédérale pour accélérer la baisse des taux ont alimenté une incertitude accrue. Si ces attaques ont réduit la crédibilité perçue de l’institution, Jerome Powell a toutefois profité du symposium de Jackson Hole, le 22 août, pour confirmer que la FED se tenait prête à assouplir sa politique dès septembre, sans toutefois s’engager fermement sur le calendrier. Ce signal a été interprété comme une ouverture, renforçant les anticipations de détente monétaire. En Europe, la BCE a maintenu son approche graduelle, insistant sur l’importance de la stabilisation de l’inflation avant d’envisager de nouvelles baisses de taux.
La situation géopolitique en Ukraine demeure tendue, avec des perspectives de règlement du conflit qui semblent s'éloigner. La position de Moscou reste inflexible, et les pressions de Washington pour un compromis n’ont pas suffi à rapprocher les parties. Lors d'un sommet à Paris, 26 pays ont annoncé un cadre pour fournir des garanties de sécurité robustes en faveur de l'Ukraine, visant à renforcer sa défense à long terme. Cependant, la Russie a réaffirmé son refus de signer un accord de paix et a maintenu ses exigences territoriales, ce qui complique davantage la situation alors que le soutien des Etats-Unis s’étiole.
Parallèlement à la bonne tenue des marchés financiers, l’incertitude économique et géopolitique a soutenu la demande pour des valeurs refuges. L'or a atteint un nouveau sommet historique, franchissant les 3500 dollars l'once. Le pétrole a quant à lui progressé modérément, sous l’effet contradictoire des craintes géopolitiques et de la réduction plus rapide que prévu des coupes de production de l’OPEP.
Les évolutions globalement positives des bénéfices des entreprises américaines ont permis de limiter la hausse des valorisations qui atteignent néanmoins des niveaux élevés. La révision à la hausse des résultats a, en effet, partiellement contrebalancé la hausse des cours. À l’inverse, en Europe, la variation des bénéfices par actions a été plutôt négative, ce qui a eu pour conséquence de remonter les valorisations malgré une faible progression des indices. L’écart de valorisation avec les marchés américains reste tout de même élevé mais il s’est réduit très légèrement. Ce différentiel souligne qu’en dépit de la sous-performance des indices américains en début d’année, Wall Street est revenue au premier plan, les investisseurs continuant de privilégier cette zone, notamment dans les grandes valeurs technologiques.
Les valorisations élevées des actions américaines entretiennent deux risques. Le premier concerne la vague d’investissement liée à l’intelligence artificielle, dont la pérennité n’est pas un gage de croissance tranquille à l’image des vagues précédentes (années 1980 pour les PC et 2000 pour Internet). D’autre part, cette cherté accroit la sensibilité des marchés à toute détérioration de la conjoncture économique. Pour le moment, l’économie américaine continue de faire preuve de résilience, à l’image des indices ISM qui se redressent sur les derniers mois. L’ISM manufacturier remonte légèrement mais reste en zone de contraction à 48.7. L’indice ISM des services continue d’accélérer en amplifiant son expansion, à 52. Il y a tout de même certains signes de fragilité qui apparaissent, en particulier sur le marché de l’emploi, avec un taux de chômage en hausse à 4,3 % et des créations d’emplois en forte diminution. Mais, d’un autre côté, la perspective des baisses d'impôts annoncées par la FED ainsi que la poursuite de la déréglementation économique, pourraient soutenir l'activité américaine, une fois absorbé l’impact des hausses de droits douane du 2ème trimestre.
En résumé, les mois de juillet et août ont illustré une tendance paradoxale : aux Etats-Unis, des actions soutenues par quelques secteurs clés, mais également fragilisées par la politique de Donald Trump, en Europe, pénalisée par ses propres tensions politiques, des marchés aidés par l’euro et la perspective d’une relance budgétaire, des obligations à la recherche d’un nouvel équilibre face aux pressions politiques et monétaires. Plus globalement, la hausse des indices est essentiellement attribuée aux très grandes valeurs, moins cycliques, moins sensibles à la guerre commerciale, qui jouissent d’une forte croissance de leur chiffre d’affaires et de leurs résultats et dont les valorisations ont progressé grâce aux perspectives de baisse des taux. Les autres actions, notamment plus petites, ont moins progressé. Il faudra sans doute attendre un élargissement de la hausse à toute la cote pour être certain que l’horizon s’est enfin dégagé aux Etats-Unis. Paradoxalement, en Europe, les valeurs petites et moyennes, qui ont sous-performé pendant plusieurs années, continuent à profiter d’un regain de faveur. Elles restent attractives du fait de leur valorisation plus faible et du contexte monétaire favorable, à l’exception des actions françaises pour lesquelles les risque politiques jouent négativement.
Les incertitudes qui subsistent pourraient entraver la poursuite de la hausse des indices dans les prochaines semaines et même occasionner des replis brefs et limités, en cas de déceptions sur l’activité, sur l’évolution des taux, sur les résultats trimestriels ou sur le conflit ukrainien.
Dans le contexte actuel, les perspectives des actions nous semblent plus aléatoires à court terme même si elles conservent globalement des tendances favorables à moyen terme qu’il faut exploiter lors des moments de doutes. Il nous semble toujours judicieux d’attendre de nouveaux replis (entre 3 et 5 %) pour continuer à augmenter le poids des actions dans les portefeuilles.
Nos prévisions sur les indices américains et japonais ont été relevées, pour intégrer leurs tendances plus positives, celles des indices européens abaissées. Compte tenu de leurs niveaux actuels, le potentiel de hausse de ces indices est très faible d’ici fin décembre. A juin 2026, il est d’environ 5 % en Europe et proche de zéro aux Etats-Unis.
Nous maintenons une opinion Neutre à court terme et Surpondérer à moyen terme, sur les actions américaines et européennes alors que les perspectives des actions françaises pourraient s’assombrir.
Sur les produits de taux, nous gardons une note Neutre à court et moyen terme. En Europe, nous adoptons une opinion Neutre à court terme sur les emprunts d’Etat. Nous revenons à Neutre à court terme sur les emprunts d’Etat américains. Le crédit européen reste Surpondérer à moyen terme.
Lors de notre dernier comité d’allocation d’actifs fin août, nous avons légèrement augmenté la pondération des actions de 49.3 % à 49.6 %. En parallèle, nous avons marginalement augmenté l’exposition aux produits de taux. Nous avons davantage baissé la part des liquidités.
Editorial
Economie : redressement de l’activité mondiale en juillet et en août.
- Etats-Unis : le rythme de l’activité s’est redressé légèrement et l’inflation a rebondi pendant l’été.
- Zone Euro : Le rythme de l’activité s’éloigne lentement de la stagnation et l’inflation se stabilise.
- Japon : nouvelle accélération modeste de l’activité et poursuite de la baisse de l’inflation.
- Pays émergents :accélération de l’expansion en Inde et en Chine, atténuation de la contraction en Russie et au Brésil.
Marchés de taux d’intérêt : probable baisse des taux de la FED et pause à venir pour la BCE.
Marchés des changes et des Matières Premières : dollar stable, hausse du pétrole et de l’or.
Résultats des entreprises : prévisions 2025 et 2026 encore abaissées en Europe.
Evolutions des secteurs européens : hausse plus forte des grandes valeurs et de la Value.
Evolutions des indices sectoriels américains : poursuite du regain d’intérêt pour les Mag7.
Evolution des marchés actions : poursuite de la hausse des actions pendant l’été;
Valorisation des marchés actions : légère réduction de l’écart entre Etats-Unis et Europe.
Stratégie d’investissement : maintien de l’opinion Surpondérer à moyen terme sur les actions.
Allocation d’actifs d’un fonds patrimonial Equilibré : hausse modeste du poids des actions.