Shutdown levé, mais la Fed et l’IA ravivent la prudence des investisseurs...

Le gouvernement fédéral a rouvert après une fermeture record de 43 jours, les sénateurs démocrates ayant finalement approuvé le budget républicain sans obtenir de concessions significatives. Sous une pression devenue insoutenable, ils ont fini par céder aux exigences de Donald Trump. La fin du shutdown constitue généralement un élément porteur pour les marchés d'actions, dans la mesure où elle permet de débloquer les fonds distribués par le Trésor américain, de relancer la consommation chez les bénéficiaires du programme d'assistance nutritionnelle supplémentaire SNAP et de réduire les perturbations affectant le trafic aérien. Le coût du blocage, estimé par le CBO (Congressional Budget Office), représenterait environ 1,5 point de croissance en moins sur le PIB annualisé du quatrième trimestre par rapport au scénario de base. Toutefois, cet impact devrait être largement compensé au premier trimestre 2026, à condition que le blocage ne reprenne pas en janvier. Le prochain redémarrage des administrations publiques américaines va par ailleurs permettre aux investisseurs de retrouver des indicateurs économiques indispensables pour évaluer la vigueur de la croissance. Ces statistiques pourraient aussi déclencher un nouvel épisode de volatilité en cas de mauvaises surprises. Les publications des données impactant l’orientation de la politique monétaire vont également reprendre, mais elles ne fourniront peut-être pas une visibilité suffisante pour la Fed, d’autant que certaines données sur le marché de l’emploi en octobre pourraient même ne jamais être récupérées selon l’administration Trump. Dans ce contexte, les investisseurs ont de nouveau revu à la baisse leurs anticipations de réduction des taux lors de la réunion de décembre. Selon le FedWatch du CME, la probabilité d’une baisse de taux est ainsi passée de 70 % à moins de 50 % en une semaine. Plusieurs membres de la Fed ont d’ailleurs répété qu’une baisse des taux en décembre était loin d’être garantie. Cet ajustement des attentes, combiné aux doutes entourant la rentabilité des investissements dans l’intelligence artificielle, a pesé sur l’appétit pour le risque et a mis un coup d’arrêt à la progression observée fin octobre. Les marchés d’actions américains ont tout de même limité la casse sur la semaine (+0,08 % pour le S&P 500). À l’inverse, les indices actions européens affichent une meilleure résilience, soutenus par une saison de résultats solide, des indicateurs de confiance des entreprises bien orientés et un climat politique français désormais moins préoccupant. Le STOXX Europe 600 fini la semaine à + 1,77 %, et le CAC 40 à + 2,77 %. À noter également que la semaine dernière, la Suisse et les États-Unis ont conclu un accord douanier faisant passer les droits de 39 % à 15 %. Par ailleurs, il faudra suivre de près cette semaine la publication des résultats de Nvidia, prévue mercredi, un événement désormais presque systémique pour les marchés.

 

Dorian Foulon

Cette page a été publiée le 17/11/2025