L’incertitude entourant les droits de douane est restée le facteur déterminant pour les marchés au cours du mois de mars. La prudence des investisseurs s’est renforcée à l’approche du 2 avril, dit « Liberation Day », jour des annonces concernant les modalités d’application des droits de douane américains. Les pressions vendeuses ont fini par l’emporter depuis les derniers jours du mois et se sont accentuées après les annonces de Donald Trump qui se sont situées dans la partie la plus dure des scénarios envisagés, notamment pour les pays asiatiques. En particulier, le taux de 34 % annoncé pour la Chine dépasse largement les attentes, s’ajoutant au taux de 20 % déjà en vigueur pour atteindre un total de 54 %. Les mesures sont de nature inflationniste et récessive. Dans les prochains jours, la réaction des pays touchés par celles-ci sera d’une importance cruciale. Une escalade de cette guerre commerciale pourrait impacter davantage les marchés, alors qu’une volonté de négociation et de désescalade pourrait au contraire rassurer. Par ailleurs, le contexte actuel continue de peser sur la confiance des ménages et sur la consommation alors que le risque inflationniste demeurait orienté à la hausse. Cet environnement continue d’impacter fortement les grandes valeurs technologiques alors que la crainte de représailles sur les services fournis par ses sociétés, notamment de la part de l’Europe, se fait ressentir. De plus, les attentes de bénéfices sont élevées et toute révision baissière accentue la pression sur ces titres. L’Europe boursière qui résistait bien jusque-là a fini par reculer mais moins violemment que les actions américaines. Les craintes actuelles sont en effet contrebalancées par l’impact positif du plan de relance budgétaire allemand et du plan d’investissement massif dans l’armement de l’UE. Ces initiatives pourraient non seulement dynamiser l’économie européenne à court terme mais aussi jouer un rôle clé dans la sortie de l’Allemagne de la récession, en favorisant une reprise de l’investissement et de la consommation. Dans le contexte présent, les tendances de la quasi-totalité des classes d’actifs se sont dégradées à court terme mais la tendance haussière à long terme des marchés actions ne semble pas être remise en cause à ce stade. La période d’hésitation et de volatilité actuelle pourrait se prolonger car nul ne sait si la guerre commerciale va encore s’amplifier. Mais après ce recul, un excès de pessimisme est apparu et une stabilisation pourrait intervenir, suivie éventuellement d’un rebond technique. Cependant, inverser durablement la tendance baissière de court terme des indices va nécessiter de la patience et le reflux du risque de récession. Nous maintenons une opinion Neutre sur les actions à court et moyen terme. Nous pensons que le temps est venu pour les opportunistes d’envisager un léger renforcement du poids des actions. Il nous semble également judicieux de profiter des replis actuels pour continuer à augmenter le poids des actions dans les portefeuilles les plus sous-investis. Le potentiel de hausse des indices à fin décembre dépasse maintenant 10 %. Sur les produits de taux, nous gardons également une note Neutre à court et moyen terme.
Les performances des indices boursiers mondiaux exprimées en euros ont été négatives au mois de mars. Les bourses américaines accusent une nouvelle fois le coup (-6.0 %) et les marchés européens résistent mieux (-3.9 % en moyenne). Les marchés émergents, quant à eux, ont affiché une relative stabilité, réalisant une performance nulle sur le mois. Les craintes concernant les droits de douane ont continué de peser sur les marchés. L’incertitude s’est d’ailleurs amplifiée pendant le mois et à la suite des annonces du 2 avril.
En effet, les droits de douane annoncés ce jour de « Liberation Day » ont été plus sévères que prévu et surtout, la logique derrière le détail du calcul de ces derniers est difficilement compréhensible. Les droits de douane concernent tous les pays à hauteur de 10 % minimum, applicables au 5 avril, auxquels peut s’ajouter un supplément, variable selon chaque pays, qui entrerait en, vigueur le 9 avril. Ainsi, le Royaume-Uni resterait à 10 % de taxation sur les exportations vers les Etats-Unis, alors que celles en provenance de l’UE seraient taxées à 20 %, celles du Japon à 24 % et celles de Chine à hauteur de 54 % au total. Si Donald Trump a qualifié ces droits « réciproques » de cléments, il n’empêche qu’il s’agit du plus fort relèvement depuis 1968, le taux effectif moyen pratiqué passant de 2.3 % à 23 % environ ! Ces taux sont censés être un plafond, sauf en cas de mesure de riposte d’un pays, comme la Chine vient de le faire. Ils sont aussi susceptibles de baisser si des pays font des concessions suffisantes aux yeux du gouvernement américain. Ainsi s’ouvre une période de tractations multiples d’une durée et aux résultats incertains. Par ailleurs, il est à noter que des droits sectoriels, outre ceux déjà annoncés sur l’automobile, l’acier ou l’aluminium (25 %), sont encore à l’étude sur les produits pharmaceutiques ou les semi-conducteurs.
Le risque d’escalade est important, la Chine ayant déjà annoncé une riposte de 34 % (du même niveau que ceux annoncés par Trump vis-à-vis de la Chine). L’Europe réfléchit à son tour. D’autres pays durement touchés, comme le Vietnam, ont accepté l’ouverture de négociations.
L’impact sur l’économie américaine et le reste du monde est encore difficilement prévisible mais la réaction des marchés est importante, alors que les indicateurs avancés continuent de ralentir, tout comme la confiance des ménages. Si les taux devaient rester au niveau annoncé, ils auraient un impact récessif de l’ordre de 0.6 % au niveau mondial, de 1 % aux Etats-Unis, de 0.5 % en Chine et de 0.3 % en Zone Euro, ce qui explique en partie la forte réaction des marchés. L’effet inflationniste est encore plus difficile à évaluer eu égard au degré d’imbrication des échanges mondiaux. Il semblerait assez limité au niveau global (moins de 0.5 %) et plus fort aux Etats-Unis (de 1.5 % à 3 % selon les études et le niveau définitif des droits). Le risque de récession américaine en 2025 a augmenté mais elle n’est pas encore certaine, la probabilité restant entre 40 % et 60 %. C’est sans doute la raison pour laquelle la baisse des Bourses a atteint entre 15 et 20 %, ce qui est un niveau cohérent avec ces attentes.
Il faut ajouter à cela que les grandes valeurs technologiques ont continué d’être sous pression, en raison des craintes de représailles sur les services IT, notamment de la part de l’Europe, où la mise en place d’une taxe numérique est tout à fait envisageable. Par ailleurs, en cas de baisse de la consommation américaine de biens et de services, les entreprises n’auront pas d’autre choix que de sacrifier leur marge en ne répercutant pas la totalité des nouveaux droits de douane sur leur prix de vente. Ceci pèserait bien sûr sur leurs résultats et constituerait un risque de déception et d’ajustement supplémentaire. Notons tout de même que la baisse du Nasdaq 100 atteint déjà 25 % et intègre une bonne partie de ces risques.
L’Europe montre pour le moment qu’elle restera soudée et qu’elle est par ailleurs ouverte aux négociations. Les marchés européens qui résistaient relativement bien jusqu’à la fin du mois de février, ont finalement suivi la tendance baissière en mars, bien que l’impact ait été moins marqué que sur les actions américaines. Les craintes actuelles sont en effet contrebalancées par l’impact positif du plan de relance budgétaire allemand et du plan d’investissement massif de 800 milliards d’euros dans l’armement de l’UE. Ces initiatives pourraient non seulement dynamiser l’économie européenne à court terme mais aussi jouer un rôle clé dans la sortie de l’Allemagne de la récession, en favorisant une reprise de l’investissement et de la consommation. Enfin, la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) devrait apporter également un soutien supplémentaire aux marchés. Poursuivant son cycle de baisse des taux, la BCE cherche à atténuer les effets du ralentissement économique et à restaurer la confiance des investisseurs. Cette politique accommodante contraste avec celle de la Réserve fédérale américaine, qui reste sous pression face à une inflation persistante et qui pourrait être contrainte de conserver plus longtemps une posture restrictive. Les effets économiques de la guerre commerciale ne sont pas immédiats ni visibles à ce stade et la FED ne se pressera pas tant que les impacts définitifs ne sont pas mieux mesurables, malgré la pression de Donald Trump sur son Président. Par ailleurs, la forte baisse des taux longs à 10 ans contribue déjà à alléger quelque peu les conditions financières.
Enfin, Donald Trump a pris soin d’annoncer, en même temps que ses droits de douane, la poursuite de son agenda économique afin de stimuler la prospérité américaine : baisses d’impôts, dérégulation, relance de l’industrie pétrolière et gazière en particulier. Selon les estimations, les droits de douane annoncés devraient générer 600 milliards de dollars par an de recettes fiscales qui permettraient de financer les baisses d’impôts. Ces annonces positives doivent être néanmoins relativisées quant à l’ampleur et aux résultats prévus et au calendrier de leurs mises en œuvre. Retenons en tout cas qu’un plan fiscal est actuellement en préparation au Sénat.
Dans le contexte actuel, les tendances de la quasi-totalité des classes d’actifs se sont dégradées à court terme. Cependant, compte tenu de la rapidité et de l’ampleur de ces mouvements, nous ne modifions pas la plupart de nos recommandations et restons globalement Neutres. La tendance haussière à long terme des marchés actions ne semble pas être remise en cause à ce stade.
Le risque de correction que nous craignions s’est concrétisé rapidement. La baisse des indices actions depuis leur plus haut niveau a atteint 15 % et même 20 % pour le S&P500. La période d’hésitation et de volatilité actuelle pourrait se prolonger car nul ne sait si la guerre commerciale va encore s’amplifier. Mais après ce recul, un excès de pessimisme est apparu et une stabilisation pourrait intervenir, suivie éventuellement d’un rebond technique, surtout si des tractations commerciales débutent avec quelques pays. Cependant, inverser durablement la tendance baissière de court terme des indices va nécessiter de la patience car il faudra que les acheteurs et les vendeurs soient convaincus que le risque de récession reflue.
Nous pensons que le temps est venu pour les opportunistes d’envisager un léger renforcement du poids des actions. Il nous semble également judicieux de profiter des replis actuels pour continuer à augmenter le poids des actions dans les portefeuilles les plus sous-investis.
Nous avons abaissé sensiblement nos prévisions sur tous les indices pour juin et décembre 2025. Compte tenu de leurs niveaux au 4 avril, le potentiel de hausse des indices à fin décembre dépasse maintenant 10 %.
Nous maintenons une opinion Neutre sur les actions à court et moyen terme. Accessoirement, nous avons relevé à court terme le Brésil de Sous-pondérer à Neutre.
Sur les produits de taux, nous gardons une note Neutre à court et moyen terme. Nous ne surpondérons plus que les obligations privées européennes à moyen terme.
Lors de notre dernier comité d’allocation d’actifs fin mars, nous avons augmenté le poids des actions aux Etats-Unis. Nous profitons de la correction actuelle sur les marchés américains pour nous renforcer. Nous gardons une pondération en actions assez neutre, proche de 50 %. Nous avons augmenté la pondération des produits de taux en augmentant principalement les fonds de multi-stratégie obligataires.