Dynamique inversée…

Alors qu’on s’inquiétait d’un ralentissement plus brutal de l’économie américaine à la suite du mauvais rapport sur l’emploi du mois d’août, celui de septembre a apporté un sérieux démenti avec des créations de postes largement supérieures aux attentes et un taux de chômage en léger recul. Cette publication offre de fait plus de souplesse à la Réserve fédérale dans le pilotage de sa politique car elle balaye les craintes de récession à court terme et soutient l’hypothèse d’un soft-landing, Jerome Powell évoquant une approche progressive de l'assouplissement monétaire avec deux baisses de taux prévues d’ici à la fin de l’année. Si l’activité aux Etats-Unis montre des signes de résilience, en zone euro en revanche, les anticipations de baisses de taux de la BCE ont été revues à la hausse en raison d’indicateurs avancés qui pointent vers un ralentissement plus prononcé de l’économie, notamment en France et en Allemagne, et ce alors même que l’inflation se normalise à 1,8% sur un an en septembre, soit en dessous de l’objectif des 2%. La zone euro ressort davantage fragilisée en raison 1/ des difficultés croissantes de son secteur automobile, Stellantis alertant sur une révision à la baisse pour 2024 de ses prévisions de marge bénéficiaire qui s’inscrit dans le prolongement de la série des avertissements sur résultats de ses consœurs allemandes et 2/ d’une pression fiscale accrue notamment en France avec la hausse programmée de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises réalisant plus de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ce qui a pesé sur certaines valeurs de la cote. A tout cela s’ajoute la recrudescence des tensions géopolitiques au Moyen-Orient un an après l’attaque terroriste du Hamas sur Israël. L’Iran est en effet entré dans le conflit et envoyé des missiles sur Israël mardi dernier en réponse à la mort du responsable du Hezbollah. Une riposte d'Israël sur les infrastructures pétrolières iraniennes serait à l’étude, ce qui a fait rebondir de 10% les cours pétroliers, le brent cotant désormais près de 78 dollars le baril. Dans ce contexte de plus grande aversion au risque et de reflux des perpsectives de baisse des taux aux Etats-Unis, les principales places boursières européennes affichent des pertes hebdomadaires. Le Stoxx 600 abandonne 1,8% et le CAC 40 3,2% alors que Wall Street est proche de l’équilibre, le Dow-Jones signant même un nouveau record. Sans surprise, l'euro chute face au dollar et se retrouve sous la barre des 1,10 et le rendement du 10 ans américain tutoie à nouveau les 4% contre 3,6% il y a trois semaines.

La semaine qui s’ouvre sera marquée par le coup d'envoi des publications des résultats du troisième trimestre avec entre autres PepsiCo, JPMorgan Chase, Blackrock, Wells Fargo, et Delta Airlines avant celles très attendues du secteur technologique. Nous surveillerons également aux Etats-Unis les minutes de la dernière réunion de la Réserve fédérale, les chiffres des prix à la consommation et à la production ainsi que l’indice de confiance des consommateurs de l'université du Michigan. En Europe, nous prendrons connaissance du projet de loi de finances en France et des ventes de détail au sein de l’Union…

Michel Douin

Cette page a été publiée le 07/10/2024