Le temps des épreuves de force… avec un Donald Trump encore plus imprévisible.

L’incertitude entourant les droits de douane demeure un facteur clé pour les marchés. Les revirements de Donald Trump compliquent toute tentative de prévision, accentuant la volatilité. Cette incertitude continue de peser sur les marchés financiers, bien qu’en Europe, ils aient relativement bien résisté aux annonces du président américain, notamment celle de l’instauration d’une taxe de 25 % sur l’importation de certains produits européens à partir du 1er avril. Aux États-Unis, en revanche, les marchés actions ont sous-performé, pénalisés par une inflation persistante et par les effets inflationnistes qui pourraient découler de la hausse des droits de douane annoncée par Donald Trump. L’économie américaine continue à faire preuve de résilience mais le contexte actuel semble commencer à peser sur la confiance des ménages et sur la consommation alors que le risque inflationniste demeure orienté à la hausse. Par ailleurs, les inquiétudes autour des grandes valeurs technologiques s’accumulent en dépit d’une baisse de la valorisation. Les attentes de bénéfices sont élevées et toute déception pourrait accentuer la pression sur ces titres. Sur le plan géopolitique, les menaces de l’arrêt du soutien militaire des Etats-Unis à l’Ukraine laissent l’Europe face à ses responsabilités et cette situation profite au secteur de l’armement européen, qui affiche une performance très solide sur le mois. En Allemagne, l’élection de Friedrich Merz alimente l’espoir d’une relance budgétaire, notamment via des investissements accrus dans la défense et les infrastructures. Mais attention, ce projet nécessite encore l’accord du Parlement. En Chine, les investisseurs attendent également les conclusions de la réunion de l’Assemblée Nationale Populaire sur d’éventuelles mesure de relance de l’activité. Dans le contexte actuel incertain, nous ne modifions pas nos recommandations. Nous restons plutôt confiants sur la poursuite d’une tendance modérément haussière à moyen terme des indices actions ou des produits de taux. A plus court terme, après la remontée des indices européens depuis le début de l’année, la période d’hésitation actuelle des Bourses pourrait se prolonger pendant quelques semaines, toujours marquées par de la volatilité, avec un risque de correction mesurée et temporaire. Au-delà, si des catalyseurs plus positifs se mettent en place, la hausse des indices européens et américains devrait reprendre. Nous préférons attendre de meilleures opportunités pour augmenter le poids des actions américaines dans les portefeuilles. Il nous semble judicieux d’attendre aussi des replis pour continuer à renforcer le poids des actions européennes sur les portefeuilles sous-investis.

Les performances des indices boursiers mondiaux exprimées en euros ont été hétérogènes en février, les marchés européens poursuivant leur rebond (+3.5% en moyenne), et les bourses américaines accusant le coup sur le mois (-2.7%). Les bourses émergentes ont été à peine positives (+0.3%). Cet écart tient à plusieurs facteurs.

En premier lieu, les élections allemandes dont le résultat est plutôt favorable aux actions européennes. En effet, cet évènement a fait naître des espoirs de suspension du « frein à la dette » inscrit dans la constitution en 2009. Sans cet obstacle constitutionnel, l’Allemagne aurait les marges de manœuvre nécessaires sur le plan budgétaire pour sortir de la récession actuelle. Cependant, il faudra que la CDU et le SPD trouvent un accord rapidement pour changer la loi fondamentale allemande car ce changement demande une majorité des deux tiers. Cette majorité pourrait s’avérer impossible après le 25 mars, lorsque le nouveau parlement entrera en fonction. Les groupes Die Linke et Alternative für Deutschland (AfD), opposés à un assouplissement du frein à l’endettement pour financer la défense ou le soutien à l’Ukraine, disposeront alors d’une minorité de blocage représentant un tiers des sièges. 

De plus, les marchés européens ont plutôt bien résisté au renforcement des tensions en fin de mois entre l’Ukraine et les États-Unis autour des discussions sur un éventuel arrêt du conflit. Le président Zelensky va devoir composer avec un gouvernement américain qui semble désormais plus proche de la position russe que de celle de l’Ukraine. Face à la menace russe et au changement de position des États-Unis, les Européens veulent augmenter leurs dépenses dans la défense pour devenir plus indépendants, ce qui pourrait permettre de redynamiser l’industrie européenne. 

Ensuite, les actions européennes, fortement décotées, ont poursuivi leur rebond initié en décembre d’autant qu’elles pouvaient compter sur le soutien à venir de la BCE. Les publications des résultats du 4ème trimestre ont constitué un soutien complémentaire provoquant souvent des réactions très positives des valeurs. Par ailleurs, les statistiques d’activité européenne publiées ont été un peu meilleures qu’attendues, à l’inverse des chiffres américains.

Enfin, les inquiétudes sur les valeurs technologiques américaines ont continué de peser sur les grandes capitalisations américaines, amplifiant donc les écarts entre les deux zones. Le mois dernier l’émergence du logiciel d’intelligence artificielle chinois DeepSeek a remis en question le modèle économique des grandes entreprises américaines dans ce domaine.
Ces craintes ont persisté sur le mois et s’est ajouté à celles-ci un questionnement concernant les attentes potentiellement trop élevées sur les bénéfices et les marges des entreprises technologiques. Malgré de relativement bonnes publications les investisseurs n’ont pas forcément été satisfaits, car ayant de trop grandes attentes. Cette inquiétude pour le secteur technologique est exacerbée par les valorisations qui demeurent élevées. 

Le mois avait pourtant bien commencé pour les actions américaines grâce aux anticipations d’une politique de Donald Trump plus « édulcorée » (malgré sa confirmation de la mise en place de droits de douane à hauteur de 25% pour le Mexique et le Canada et 10% pour la Chine) et au rebond des valeurs technologique et de l’IA. Mais les zones d’ombre et les vents contraires se sont accumulés au fil du mois, tant au niveau de la guerre commerciale qui s’est plutôt amplifiée, que sur l’inflation qui a plutôt surpris à la hausse. Celle-ci pourrait finir par peser sur la propension des ménages à consommer alors que les premières décisions du Gouvernement Trump et du DOGE d’Elon Musk peuvent inquiéter surtout que les baisses d’impôts promises n’ont pas encore vu le jour.

En conclusion, dans le contexte actuel incertain, nous ne modifions pas nos recommandations. Nous restons plutôt confiants sur la poursuite d’une tendance modérément haussière à moyen terme des indices actions ou des produits de taux. A plus court terme, après la remontée des indices européens depuis le début de l’année, la période d’hésitation actuelle des Bourses pourrait se prolonger pendant quelques semaines, toujours marquées par de la volatilité, avec un risque de correction mesurée et temporaire. Au-delà, si des catalyseurs plus positifs se mettent en place, la hausse des indices européens et américains devrait reprendre. 

Nous préférons attendre de meilleures opportunités pour augmenter le poids des actions américaines dans les portefeuilles. Il nous semble judicieux d’attendre aussi des replis pour continuer à renforcer le poids des actions européennes sur les portefeuilles sous-investis. 

Nous avons relevé nos prévisions sur les indices européens pour juin et décembre 2025 et les avons abaissées pour l’indice japonais. Compte tenu de leur hausse de février et du niveau actuel, le potentiel des indices européens à fin juin est très faible et de l’ordre de 3% à fin décembre. Il est plus conséquent pour les indices américains (8% et 10% respectivement).

Nous maintenons une opinion Neutre sur les actions à court et moyen terme, avec une petite préférence pour les actions européennes à court terme au détriment des actions américaines pour lesquelles nous conservons notre surpondération à moyen terme.

Sur les produits de taux, nous gardons une vue Neutre à court et moyen terme. Nous surpondérons à court terme les obligations européennes privées à haut rendement et à moyen terme toutes les obligations européennes privées.

Lors de notre dernier comité d’allocation d’actifs fin février, nous avons légèrement abaissé le poids des actions en Europe et dans les pays émergents. Nous gardons une allocation assez neutre, avec une pondération en actions proche de 50%. Nous avons augmenté la pondération des produits de taux en augmentant principalement les fonds de multi-stratégie obligataires.


Sommaire :

Editorial
Economie : la croissance de l’activité mondiale devrait se modérer, la désinflation s’atténue.
- Etats-Unis : le rythme de l’activité est resté stable en février et l’inflation s’est légèrement redressée.
- Zone Euro : l’activité est restée en stagnation en février et l’inflation a légèrement reflué.
- Japon : nouvelle accélération de l’expansion de l’activité en février et poursuite du rebond de l’inflation.
- Pays émergents : stagnation en Russie, expansion en hausse en Inde et en Chine, retour à l’expansion au Brésil.
Marchés de taux d’intérêt : divergence de politiques monétaires et baisse des taux longs.
Marchés des changes et des Matières Premières : dollar stable, baisse des matières premières.
Résultats des entreprises : prévisions 2025 abaissées aux USA, relevées en Europe et au Japon.
Evolutions des secteurs européens : surperformance des grandes valeurs et du style Value.
Evolutions des indices sectoriels américains.
Evolution des marchés actions : actions européennes à l’honneur.
Valorisation des marchés actions.
Stratégie d’investissement : opinion Neutre maintenue sur les actions à court et moyen terme.
Allocation d’actifs d’un fonds patrimonial Equilibré : légère baisse du poids des actions.

Vincent GUENZI
Directeur de la Stratégie d’Investissement
Achevé de rédiger le 7 mars 2025 en collaboration avec Dorian FOULON


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Cette page a été publiée le 10/03/2025