La Fed rassure les marchés, la France inquiète toujours...

La politique monétaire américaine a dominé l’actualité des deux dernières semaines. En effet, la Réserve fédérale américaine a repris son cycle de baisse des taux, lors de sa réunion du 17 septembre, avec une réduction de 25 points de base, comme largement anticipé. Mais ce sont surtout les nouvelles projections du FOMC qui ont retenu l’attention. Elles tablent désormais sur deux baisses supplémentaires d’ici la fin de l’année, contre une seule auparavant. Jerome Powell justifie cette inflexion par l’affaiblissement du marché du travail, qu’il ne considère plus comme étant solide. Le président de la Fed souligne que le net ralentissement des créations d’emplois s’explique en grande partie par les restrictions migratoires, qui limitent l’offre de main-d’œuvre. La Fed a d’ailleurs abaissé sa prévision de chômage pour 2025, de 4,5 % à 4,4 %, tout en relevant ses estimations de croissance et d’inflation. Par ailleurs, le patron de la banque centrale américaine a estimé que l’effet des droits de douane sur l’inflation serait probablement temporaire et se résorberait assez vite dans l’économie. La dissidence du nouveau gouverneur Stephen Miran, nommé par Donald Trump, a toutefois marqué la réunion. Partisan d’une baisse de 50 points de base et d’un assouplissement de 150 points d’ici décembre, il affiche des prévisions jugées irréalistes et aux accents politiques. Cette prise de position laisse entrevoir la ligne que pourraient adopter les prochains membres de la Fed nommés par Trump, y compris son futur président. Au-delà de la question de l’indépendance de l’institution, déjà posée pour 2026, la Fed a donc opté pour une orientation plus accommodante, qui continue d’alimenter l’appétit pour le risque et la progression des marchés actions américains. Les valorisations sont sur des niveaux historiquement élevés, proches des points hauts de 2021 et de la fin des années 90. La concentration de la performance sur un petit nombre de valeurs est également sur des niveaux trop inconfortables, tout comme la concentration des révisions bénéficiaires. Les indices américains sont donc de plus en plus vulnérables à toute mauvaise surprise. Pour l’heure, les dernières publications vont dans le bon sens, en particulier sur le front de l’inflation, à l’image des derniers indices PCE publiés vendredi qui ont été conformes aux attentes, en progression de 2,9 % sur un an. Une hausse, certes, mais qui reste compatible avec un scénario relativement optimiste, où l’impact inflationniste de la politique de Donald Trump demeure contenu. Le président américain a d’ailleurs annoncé une nouvelle salve de droits de douane, notamment de 100% sur les produits pharmaceutiques. Pourtant, la réaction des marchés a été limitée, signe que la politique commerciale de Trump a perdu de son influence sur les marchés. En ce début de semaine, la question du shutdown revient également sur le devant de la scène. Donald Trump doit rencontrer ce lundi les quatre principaux dirigeants du Congrès afin d’éviter une paralysie budgétaire au 30 septembre. Toutefois, la probabilité d’un tel scénario reste faible, un compromis de dernière minute ayant presque toujours été trouvé par le passé. En France, la situation reste délicate. La tâche du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, s’annonce difficile face à une opposition peu disposée à coopérer et une contestation sociale importante. Les compromis à trouver sont nombreux et complexes, et l’incertitude politique pèse sur la visibilité économique, en particulier pour les secteurs domestiques tels que les banques, les utilities et la construction. La dynamique bénéficiaire du CAC 40 est négative et la visibilité politique comme budgétaire limitée, ce qui impose la prudence, même si les small caps apparaissent survendues à court terme.

 

Dorian Foulon

Cette page a été publiée le 29/09/2025