Dans une étude récente, les Cahiers Verts de l’Economie apportent plusieurs réponses à cette question…
…L’or connaît une progression continue depuis dix ans, avec une nette accélération sur les cinq dernières années. Depuis 2022, il a surperformé le S&P 500 de près de 50 % et gagné 40 % sur un an. Historiquement, le métal jaune a alterné cycles haussiers (197180, 200111, 201525) et baissiers (graphique ci-dessous).
Ses déterminants traditionnels sont l’inflation, les taux réels, la valeur du dollar, les tensions géopolitiques et son rôle d’instrument de réserve internationale. Toutefois, depuis 2015, son évolution s’est décorrélée des taux réels et du dollar, la progression étant surtout liée à l’incertitude géopolitique croissante et à la perte de confiance dans le billet vert, dont la part dans les réserves mondiales est passée de 72 % en 1999 à 57 % en 2024. Les banques centrales, notamment celles des pays émergents, se diversifient de plus en plus vers l’or, notamment en Chine. Plusieurs facteurs structurels devraient continuer de soutenir le métal : persistance des conflits (Ukraine, Iran/Israël, Moyen-Orient, Chine/États-Unis) dans un environnement de « conflictualité » durable, achats croissants des banques centrales, offre limitée avec une production annuelle en hausse de seulement 1,5 % et proche d’un pic, et enfin faible corrélation avec les actions et les obligations, qui en fait un outil de diversification.
Par ailleurs, la valorisation de la capitalisation de l'or apparaît raisonnable par rapport à la capitalisation boursière américaine. En revanche, à court terme, l’or reste un actif spéculatif, sensible aux effets de mode et aux comportements de marché.
Les minières aurifères, quant à elles, surperforment les minières générales depuis mi 2024 (+120 %), même si cette surperformance reste inférieure aux épisodes de 2015/2016 et 2019/2020. Leur valorisation demeure attractive (PE à 12 mois autour de 13x, soit une décote de 25 % par rapport à la moyenne historique). Toutefois, elles sont confrontées à des défis : épuisement progressif des gisements, hausse des coûts de production (+30 % depuis 2022), renforcement des normes environnementales et réglementations plus strictes. Leur volatilité est environ deux fois plus élevée que celle de l’or physique et elles restent fortement corrélées aux marchés actions, ce qui les positionne comme un complément et non un substitut dans une allocation. L’argent, de son côté, a sous-performé l’or, mais reste un marché étroit, exposé à un risque de short squeeze, et peut constituer une alternative tactique de court terme pour diversifier l’exposition.
En termes de stratégie, une allocation sur l’or, en tant que couverture contre les risques géopolitiques et monétaires, reste conseillée par les Cahiers Verts, tout en allégeant légèrement cette position à court terme. Une légère surpondération des sociétés minières aurifères dans les portefeuilles actions peut-être également envisagée, en substitution d’autres valeurs cycliques, tout en tenant compte de leur volatilité accrue.