Entre résilience des marchés et fragilités politiques : un équilibre précaire

En France, sans surprise, les députés n’ont pas accordé leur confiance à François Bayrou, provoquant la chute de son gouvernement. C'est Sébastien Lecornu qui prendra sa place à Matignon dans le but de former une coalition suffisamment large pour pouvoir faire adopter un budget. Vendredi soir, la France a également vu sa notation dégradée par l’agence Fitch à A+. Dans ce contexte politique, la visibilité pour les acteurs économiques et financiers demeure limitée, en particulier pour les secteurs domestiques tels que les banques, les utilities et la construction. Malgré tout, la performance boursière des actifs français est restée solide la semaine dernière (+1.96% pour le CAC 40), les événements ayant déjà été largement anticipés. Outre-Atlantique, la locomotive reste sans surprise le secteur technologique et l’IA, avec des publications toujours remarquées : après Broadcom il y a deux semaines, c’est au tour d’Oracle de surprendre positivement. Ces résultats contribuent à maintenir la progression des grands indices américains (+1.59% pour le S&P 500), mais renforcent en même temps leur dépendance à un petit nombre de valeurs phares. Cette concentration accentue le risque d’une correction, d’autant que les valorisations demeurent élevées par rapport aux standards historiques. Par ailleurs, le marché du travail américain commence à donner des signes d’essoufflement. Cette évolution nourrit les anticipations d’une baisse de taux de la Fed lors de sa réunion de politique monétaire qui se tiendra mercredi. L’inflation est repartie à la hausse, mais elle est relativement conforme aux attentes. En Europe, la BCE a confirmé la pause de sa détente monétaire, décision largement attendue. Elle a revu à la hausse ses prévisions de croissance en zone euro pour 2025 mais a abaissé celles de 2026, tout en rehaussant ses projections d'inflation. Sur le plan géopolitique, les tensions demeurent élevées, comme en témoigne l’intrusion de l’espace aérien polonais et roumain par des drones russes la semaine dernière. Face à cet environnement mêlant momentum boursier encore solide et risques multiples, le mois de septembre pourrait se révéler délicat. Selon nous, les investisseurs doivent rester prudents, car toute déception macroéconomique ou géopolitique pourrait rapidement inverser la tendance. À ce stade, accroître son exposition n’apparaît justifié que pour les portefeuilles encore faiblement investis.

 

Dorian Foulon

Cette page a été publiée le 15/09/2025