Wall Street, une consolation face au triste spectacle de la politique française

Sur les marchés financiers, les Etats-Unis ont, une nouvelle fois, éclipsé le reste du Monde depuis le début du mois de novembre. La triple victoire de Donald Trump et du parti républicain au Sénat et au Congrès a été saluée copieusement. Les investisseurs se sont rués sur le dollar et sur les actions américaines. Mais, si l’élection de Trump s’avère bénéfique pour l’économie et les marchés américains, les conséquences sa politique restent redoutées en Europe et en Chine. Espérons que celles-ci seront finalement moins graves qu’attendu du fait des négociations commerciales qui interviendront et de l’approche pragmatique d’un Président pro-business. Par ailleurs, en zone euro, l’Allemagne et la France sont gagnées par l’attentisme du fait de l’incertitude politique qui est apparue avec la chute de la coalition au pouvoir à Berlin et la censure du gouvernement français de Michel Barnier. Les signaux économiques récents indiquent une nouvelle dégradation de l’activité de la zone euro ce qui n’est pas de bon augure pour la fin d’année et le début de l’année prochaine. Les Bourses européennes ont été pénalisées par cet environnement peu réjouissant et elles ont plutôt stagné ou baissé sur le mois. Les écarts cumulés de performance et de valorisation entre les actions américaines et européennes ont touché un plus haut historique. La valorisation des premières est très élevée mais justifiée par l’exceptionnalisme de l’activité, de la croissance des entreprises américaines et de leur rentabilité. Selon le consensus, le marché haussier devrait se poursuivre aux Etats-Unis, au-delà des hésitations régulières et nécessaires. Quant aux Bourses européennes, elles sont au contraire peu chères ce qui pourrait constituer un point de stabilisation alors que de nombreuses mauvaises nouvelles sont intégrées. Mais, en l’absence de catalyseurs forts, l’attentisme des investisseurs devrait perdurer, particulièrement en France. Le contexte actuel nous incite donc à rester plus confiants sur les actions américaines, dont les valorisations élevées peuvent néanmoins occasionner des retours en arrière, à rester prudents sur les actions françaises et un peu plus constructifs sur les autres actions européennes. Globalement, nous préférons attendre une amélioration de la visibilité en Europe ou de meilleures opportunités aux Etats-Unis pour augmenter le poids des actions dans les portefeuilles. La diversification des portefeuilles doit être renforcée pour améliorer le couple rendement/risque.

Sur les marchés financiers, les Etats-Unis ont, une nouvelle fois, éclipsé le reste du Monde depuis le début du mois de novembre. C’était prévisible, mais la triple victoire de Donald Trump et du parti républicain au Sénat et au Congrès a été saluée copieusement. Les investisseurs se sont rués sur le dollar et sur les actions américaines. Les bénéfices attendus du programme de Donald Trump ont largement surpassé les craintes sur le risque inflationniste, sur la réduction de l’immigration ou sur les droits de douane. Il faut reconnaitre que les nominations annoncées par Donald Trump, dont certaines ont été jugées fantaisistes ou dangereuses, ont globalement plutôt rassuré les observateurs car le Président a retenu des personnalités plus compétentes pour l’entourer sur les postes clés comme le secrétariat de la Présidence, les Secrétaires au Trésor, au Commerce ou à l’Industrie. De plus, les candidats moins expérimentés devront obtenir l’approbation du Sénat qui compte moins de républicains trumpistes que le Congrès, ce qui promet quelques surprises. Les investisseurs ont donc retenu de ces premières semaines après l’élection, l’accent mis sur les baisses d’impôts et sur la déréglementation pour stimuler l’activité et sur le développement des hydrocarbures pour faire baisser la facture énergétique des ménages américains. Le redressement de l’industrie américaine sera également favorisé comme il le fut sous la présidence de Joe Biden. Par ailleurs, les premières déclarations de Donald Trump sur les droits de douane ont illustré le pragmatisme et la versatilité du Président. Ainsi, les biens importés de Chine ne subiraient qu’une première hausse des droits de douane à 20% alors que 60% étaient mentionnés pendant la campagne électorale. Inversement, les biens produits au Canada et au Mexique seraient taxés à 25% pour réduire les délocalisations des sociétés américaines. Le marchandage a bien commencé comme lors du premier mandat de Trump.

Dans le contexte actuel, les statistiques économiques publiées ont peu compté. Elles ont été relativement neutres alors que l’inflation s’est légèrement redressée, ce qui réduit un peu la visibilité sur le prochain geste de la FED en décembre. Mais, la poursuite de la désinflation n’est pas remise en cause de même que l’assouplissement monétaire de la FED en 2025. Le meilleur des mondes pour les actions américaines tant que Donald Trump reste raisonnable !

Mais, si l’élection de Trump s’avère bénéfique pour l’économie et les marchés américains, les conséquences de sa politique restent redoutées en Europe et en Chine. Cependant, on peut penser que celles-ci seront finalement et probablement moins graves qu’attendu du fait des négociations commerciales qui interviendront avec les Etats-Unis et de l’approche pragmatique d’un Président pro-business.
En revanche, la vitalité de l’activité en Europe reste dépendante des exportations vers la Chine qui sont toujours menacées par le risque de guerre commerciale et par l’atonie du pays tant qu’un programme de relance de grande ampleur n’est pas adopté.
Enfin, les deux acteurs majeurs de la zone euro que sont l’Allemagne et la France sont gagnés par l’attentisme du fait de l’incertitude politique qui est apparue avec la chute de la coalition au pouvoir à Berlin et la censure du gouvernement français de Michel Barnier.
Les signaux économiques récents indiquent une nouvelle dégradation de l’activité après un été encore satisfaisant, ce qui n’est pas de bon augure pour la fin d’année et le début de l’année prochaine. Petite consolation, la BCE augmentera certainement son soutien monétaire en conséquence. Il faut espérer que le candidat de la CDU-CSU sera élu en février prochain car il est prêt à desserrer les cordons de la bourse pour stimuler la croissance allemande qui en a bien besoin. Les Bourses européennes ont été pénalisées par cet environnement peu réjouissant et ont plutôt stagné ou baissé sur le mois.

Les écarts cumulés de performance et de valorisation entre les actions américaines et européennes ont touché un plus haut historique. Comme nous l’avons déjà signalé par le passé, la valorisation des premières est très élevée mais elle est justifiée par l’exceptionnalisme de l’activité, de la croissance des entreprises américaines et de leur rentabilité. Selon le consensus, le marché haussier devrait se poursuivre aux Etats-Unis, au-delà des hésitations régulières et nécessaires.

Quant aux Bourses européennes, elles sont au contraire peu chères ce qui pourrait les aider à se stabiliser puis à se redresser alors que de nombreuses mauvaises nouvelles sont déjà intégrées. Mais, en l’absence de catalyseurs forts, l’attentisme des investisseurs pourrait perdurer, particulièrement en France alors que certaines places boursières mieux orientées devraient continuer à surperformer (Royaume-Uni, Italie, Espagne, Pays-Bas).

Concernant la France, à la suite de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le Président a annoncé qu’il resterait en place jusqu’à la fin de son mandat, ce qui a écarté le scénario du pire pour les marchés (un gouvernement NFP/LFI). Il devrait nommer un nouveau Premier Ministre rapidement, en charge de trouver une majorité plus large et d’assurer le fonctionnement courant des affaires. A ce titre, une loi spéciale sera votée pour reconduire sur 2025 les termes du budget 2024 et permettre le financement de nos institutions. Le spectre d’une désorganisation de l’Etat est éliminé mais au prix d’un risque de nouveau dérapage budgétaire. En effet, la composition actuelle de l’Assemblée ne permet pas d’adopter et de mener les réformes nécessaires ou de réduire substantiellement les dépenses. Les modifications apportées au projet de loi de finances par les Commissions de l’Assemblée, contre l’avis du Gouvernement, ont bien illustré la dérive fiscale qui menace les ménages et les entreprises, danger qui ne va pas s’éteindre et qui risque de prolonger le climat d’attentisme des entreprises et des ménages dans leurs investissements et leurs dépenses.

Cela étant, comme cet été, les marchés financiers français avaient anticipé cette censure et se sont stabilisés avant son adoption. Depuis, profitant d’un calme relatif, une reprise technique s’est mise en place comme celle du mois d’août. Ce rebond est-il durable ? Nos indices disposent sans doute d’un potentiel de hausse de 3 à 4% grâce au rattrapage qui s’opère sur les valeurs sensibles à la situation française qui avaient beaucoup baissé. Au-delà, il est difficile de se prononcer compte tenu de l’incertitude qui devrait se prolonger.

Le contexte actuel nous incite donc à rester plus confiants sur les actions américaines, dont les valorisations élevées peuvent néanmoins occasionner des retours en arrière, à rester prudents sur les actions françaises et un peu plus constructifs sur les autres actions européennes. Globalement, nous préférons attendre une amélioration de la visibilité en Europe ou de meilleures opportunités aux Etats-Unis pour augmenter le poids des actions dans les portefeuilles. La diversification des portefeuilles doit être renforcée pour améliorer le couple rendement/risque.

Nous avons abaissé nos prévisions sur les indices européens pour juin et décembre 2025 et les avons relevées pour l’indice américain. Le potentiel des indices à ces échéances est d’environ 7% et 9% en Europe, ce qui est ambitieux. Il parait un peu plus faible aux Etats-Unis (environ 3% et 5%) ce qui semble raisonnable.

Nous maintenons une opinion Neutre sur les actions à court et moyen terme. Nous la relevons à Surpondérer à court terme pour les Etats-Unis comme nous l’étions déjà à moyen terme. Nous restons neutres sur l’Europe en étant sélectifs.

Sur les produits de taux, nous conservons une vue à court terme Surpondérer un peu moins positive et Neutre à moyen terme. Nous continuons à Surpondérer à court terme les obligations européennes privées à haut rendement.

Lors de notre dernier comité d’allocation d’actifs fin novembre, nous avons augmenté l’exposition en actions en renforçant les Etats-Unis, l’Europe, à l’exception de la France et de l’Allemagne, et le Japon.
Nous avons globalement réduit le poids des produits de taux, ainsi que celui des sicav monétaires.

Vincent GUENZI
Directeur de la Stratégie d’Investissement
Achevé de rédiger le 6 décembre 2024 en collaboration avec Dorian FOULON


Cette page a été publiée le 09/12/2024