Quelles seront les conséquences des élections américaines ?

Les indices boursiers mondiaux ont fini le mois en baisse plus ou moins prononcée à l’exception de l’indice japonais. L’attentisme a été dominant avant les élections américaines mais la remontée de Donald Trump dans les sondages a permis aux marchés américains de mieux se comporter que les indices européens ou émergents.

Sur le plan économique, le mois d’octobre a été plutôt satisfaisant. Les statistiques économiques ont souligné un petit sursaut de l’activité aux Etats-Unis et la baisse de l’inflation a renforcé le scénario de soft landing. En Europe, la conjoncture est restée atone mais sans réelle dégradation. Enfin, en Chine, les investisseurs guettent toujours les retombées des mesures de relance adoptées par les Autorités.

L’évènement déterminant pour la planète n’a pas eu lieu en octobre mais le 5 novembre. La remontée de Donald Trump dans les sondages avait déjà influencé le comportement des marchés mais sa victoire était loin d’être certaine et totale. La surprise a été forte. Donald Trump a été élu avec une marge d’avance dépassant les pronostics. Le parti républicain a regagné le Sénat et les décomptes partiels rendent plus que probable leur victoire à la Chambre des Représentants. Ce serait dans ce cas un raz de marée républicain leur donnant les pleins pouvoirs dont nous analysons les conséquences ci-après.

Compte tenu de la personnalité particulièrement versatile de Donald Trump, il faut s’attendre à de nombreuses surprises entrainant de la volatilité sur les marchés. Cependant, il devrait faire preuve de pragmatisme et son premier mandat n’a pas été négatif. Les craintes de l’Europe sont sans doute un peu exagérées mais il est indéniable que la politique américaine pèsera sur nos pays et sur la Chine.

Le contexte actuel nous pousse donc à être plus confiants sur les actions américaines, dont les valorisations élevées peuvent néanmoins occasionner des retours en arrière, et plus attentistes sur les actions européennes et émergentes. Nous préférons attendre une amélioration de la visibilité en Europe ou de meilleures opportunités aux Etats-Unis pour renforcer le poids des actions dans les portefeuilles. Nous maintenons une légère sous-pondération en actions. Sur les produits de taux, nous conservons une opinion à court terme Surpondérer un peu moins positive et Neutre à moyen terme.

 

Les indices boursiers mondiaux ont fini le mois en baisse plus ou moins prononcée à l’exception de l’indice japonais. L’attentisme a été dominant avant les élections américaines mais la remontée de Donald Trump dans les sondages a permis aux marchés américains de mieux se comporter que les indices européens ou émergents. Par ailleurs, les publications de résultats trimestriels des entreprises américaines et européennes sont ressorties, en moyenne, supérieures aux attentes des analystes. Cependant, elles ont occasionné beaucoup de réactions négatives, notamment en Europe parfois à cause de déceptions sur les bénéfices et souvent du fait de révisions négatives sur les perspectives d’activité ou de marge. Pour ces mêmes raisons, les estimations de résultats pour 2024 et 2025 ont été beaucoup plus révisées en baisse en Europe qu’aux Etats-Unis, ce qui a constitué des vents contraires.

Sur le plan économique, le mois d’octobre a été plutôt satisfaisant. Les statistiques économiques ont souligné un petit sursaut de l’activité aux Etats-Unis alimentant la thèse d’une modération toujours très limitée. Ceci a contribué à rassurer les investisseurs qui pensent que la baisse des taux de la FED devrait réussir à éviter un ralentissement trop brutal. Le scénario de soft landing est donc renforcé. En Europe, la conjoncture est restée atone mais sans réelle dégradation et avec quelques points de satisfaction. Enfin, en Chine, les investisseurs guettent toujours les retombées des mesures de relance adoptées par les Autorités. Concernant l’inflation, les tendances globales restent favorables mais elles ne sont pas homogènes : remontée de celle-ci en Eurozone et dans les grands pays émergents hors Chine, baisse aux Etats-Unis et au Japon. Au-delà de ces tendances de court terme, la désinflation semble se poursuivre dans le monde développé et de nombreuses Banques Centrales en ont profité pour poursuivre leur assouplissement monétaire.
Malgré cet environnement inflationniste et monétaire plutôt positif, les marchés obligataires se sont mal comportés, perdant quelques pourcents. L’explication se trouve également aux Etats-Unis où les taux d’intérêt à 10 ans ont fortement remonté du fait du programme économique de Donald Trump jugé inflationniste à moyen terme. 

L’évènement déterminant pour la planète n’a pas eu lieu en octobre mais le 5 novembre. Comme nous l’avons dit plus haut, la remontée de Donald Trump dans les sondages avait déjà influencé le comportement des marchés depuis le début du mois mais sa victoire était loin d’être certaine et totale, ce qui entretenait un certain attentisme. En effet, les écarts de prévisions entre les deux candidats ayant des programmes aussi opposés étaient insuffisants pour de se positionner dans un sens ou dans l’autre.

La surprise a été forte. Donald Trump a été élu avec une marge d’avance dépassant les pronostics. Le parti républicain a regagné le Sénat et les décomptes partiels rendent plus que probable leur victoire à la Chambre des Représentants. Ce serait dans ce cas un raz de marée républicain leur donnant les pleins pouvoirs dont nous devons analyser les conséquences.

Même si les Démocrates remportent la Chambre des Représentants, les pouvoirs propres du Président sont importants et touchent en particulier les domaines suivants, sans être exhaustif : la politique commerciale (droits de douane), l’immigration, la déréglementation des énergies fossiles (industrie pétrolière), la nomination des juges (qui doit être approuvée par le Sénat). La politique économique et budgétaire passe par le Congrès alors que la majorité à la Chambre des Représentants n’est pas encore acquise. Par ailleurs, il n’est pas interdit de penser que Donald Trump n’appliquera pas forcément la totalité de son programme par pragmatisme, sans oublier l’influence des lobbys.

Le programme de Donald Trump touche principalement la géopolitique, la politique migratoire et la politique économique et budgétaire. 
Concernant l’Ukraine, Donald Trump s’est engagé à obtenir un cessez-le-feu ou un armistice probablement en contrepartie d’un abandon des territoires occupés par la Russie, d’une garantie de non-adhésion à l’OTAN, d’un allégement des sanctions contre la Russie et de l’arrêt du soutien militaire à l’Ukraine. Ceci va à l’encontre des volontés de l’Ukraine et de l’Europe mais l’issue de cette démarche reste incertaine. Du côté de Taiwan, l’ambiguïté de la position américaine devrait se maintenir. Enfin, la présidence Trump devrait être plus favorable à Israël et plus dure avec l’Iran. 

La politique migratoire a occupé le devant de la scène avec une promesse d’expulsion d’une grande partie des migrants illégaux. Outre la difficulté de réaliser cette opération, la conséquence d’une restriction importante ou trop rapide de la population émigrée entraînerait des répercussions sur le marché du travail et pourrait favoriser des tensions salariales et de l’inflation. Les entreprises américaines seront certainement tentées de modérer ces orientations.

Concernant la politique commerciale, le retour de Donald Trump ira de pair avec un relèvement des droits de douane, à 60% sur les produits chinois et de 10% à 20% pour les importations des autres pays. Les conséquences seraient multiples : baisse des importations, hausse de l’inflation plutôt modérée, baisse des marges des importateurs et des distributeurs américains, hausse des recettes fiscales. Globalement c’est un impact légèrement négatif sur l’activité qui est attendu de l’ordre de 0.4 à 0.8% du PIB à moyen terme. Evidemment, les exportateurs chinois et européens seraient particulièrement touchés par la baisse des volumes ce qui affecterait par ricochet l’activité globale.

Enfin, le programme économique de Donald Trump comporte de nombreuses mesures d’extension des allègements de la fiscalité des ménages et des entreprises, des dépenses dans la Défense, des mesures de soutien à l’immobilier et dans la santé, etc…qui totalisent plus de 10 000 milliards de dollar sur 10 ans L’impact annuel positif sur la croissance serait d’environ 0.4%. En contrepartie, la hausse des droits de douane et les réductions de dépenses pourraient compenser la hausse du déficit fédéral. Au total, il faut s’attendre à une pression à la hausse du déficit budgétaire pouvant aller de 1 à 2% par an alors que celui-ci atteint déjà 6% aujourd’hui ce qui augmentera le niveau de la dette américaine.

L’ampleur de l’impact négatif sur l’inflation et l’activité américaines va dépendre de l’exécution totale ou partielle du programme mais aussi de l’ordre dans lequel ces mesures s’appliqueront. Par ailleurs, la baisse de la fiscalité des ménages et des entreprises (de 21% à 15%) devrait favoriser la confiance et améliorer les résultats des sociétés de 5 à 8% selon l’étendue de cette mesure. Rappelons que lors de son premier mandat, Donald Trump n’a appliqué qu’une partie de ses engagements et que son bilan économique doit être considéré comme positif.

Quelles peuvent être les conséquences sur les actifs financiers aux Etats-Unis et en Europe ? L’évolution des marchés financiers depuis le redressement de Trump dans les sondages nous donne une première réponse : une hausse des taux longs américains et du dollar et une progression des indices boursiers américains. Au vu des mouvements déjà réalisés, il est possible que le potentiel de hausse supplémentaire à court terme soit assez limité. Logiquement, les actifs européens et émergents (devises et actions) devraient être sous performants par rapport aux actifs américains. Plus globalement, la politique de Donald Trump favorisera naturellement les Etats-Unis et pèsera sur l’Europe, sur la Chine et les autres pays commerçant avec les Etats-Unis y compris son voisin mexicain.

Compte tenu de la personnalité particulièrement versatile de Donald Trump, il faut s’attendre à de nombreuses surprises entrainant de la volatilité sur les marchés. Cependant, il devrait faire preuve de pragmatisme et, encore une fois, son premier bilan n’a pas été négatif. La première crainte pour les européens est l’abandon du soutien à l’Ukraine et une moindre contribution américaine à notre défense que nous devrons compenser. Concernant la politique commerciale, l’Europe et la Chine auront la possibilité de négocier avec Donald Trump, comme lors de son premier mandat et le pire n’est pas sûr. Il reste que la Chine souffrira et cherchera sans doute à réorienter ses exportations vers l’Europe, ce qui impose un devoir de vigilance et de réactivité à la Communauté Européenne. Quant aux Etats-Unis, les risques de déception à moyen terme sur l’inflation, sur les taux longs et sur la politique monétaire demeurent, ce qui pourrait affecter les marchés obligataires. En revanche, à court terme, les sociétés américaines vont bénéficier de vents plus favorables comme une baisse de la fiscalité.

Le contexte actuel nous pousse donc à être plus confiants sur les actions américaines, dont les valorisations élevées peuvent néanmoins occasionner des retours en arrière, et plus attentistes sur les actions européennes et émergentes. Nous préférons attendre une amélioration de la visibilité en Europe ou de meilleures opportunités aux Etats-Unis pour renforcer le poids des actions dans les portefeuilles. Nous conservons une légère sous-pondération en actions.

Nous avons maintenu nos prévisions sur les indices pour décembre 2024 et juin 2025. A la suite de l’élection de Donald Trump, les indices américains se sont déjà rapprochés de notre cible à juin 2025. Quant aux indices européens, le potentiel des indices à l’échéance de décembre est très faible. Il demeure de 10% à juin 2025, grâce à la poursuite des assouplissements monétaires et à l’amélioration économique escomptée mais tout peut être remis en question en fonction des mesures qui seront prises aux Etats-Unis.

Nous maintenons une opinion Neutre sur les actions à court et moyen terme. Nous gardons notre surpondération américaine à moyen terme. Nous avons abaissé nos notes à court et moyen terme sur l’Amérique Latine à Neutre.

Sur les produits de taux, nous conservons une vue à court terme Surpondérer un peu moins positive et Neutre à moyen terme. Nous avons abaissé les notes des obligations émergentes et des obligations privées européennes à Neutre. Nous continuons à Surpondérer à court terme les obligations européennes privées à haut rendement.

Lors de notre dernier comité d’allocation d’actifs fin octobre, nous avons très légèrement réduit l’exposition en actions en abaissant les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Nous avons augmenté le poids des produits de taux et réduit celui des sicav monétaires.


Sommaire :

Vincent GUENZI
Directeur de la Stratégie d’Investissement
Achevé de rédiger le 8 novembre 2024 en collaboration avec Dorian FOULON

Cette page a été publiée le 29/11/2024