La stratégie d'investissement

mars 2024

Regain de confiance sur les marchés financiers

Les marchés financiers ont accentué leur progression au mois de février avec une hausse de 4.5% en moyenne sur les indices actions malgré une petite remontée des taux d’intérêt à long terme de 0.3% aux Etats-Unis et 0.25% en Allemagne. L’embellie des Bourses s’est donc poursuivie encore un mois de plus et interpelle toujours les investisseurs. Le moteur de la hausse des cours a été la progression des multiples de valorisation qui reflète avant tout un regain de confiance des investisseurs et leur crainte de rester à l’écart du mouvement. Le scénario d’atterrissage en douceur réussi aux Etats-Unis reste privilégié et il gagne en puissance. Combien de temps peut durer cette hausse des Bourses ? A court terme, notre interprétation est inchangée. Après un rebond si rapide, une correction de 10% serait bienvenue et le printemps est généralement propice à ce genre de mouvements. A moyen terme, la poursuite de la tendance haussière qui commence à être envisagée, dépend encore de la réussite ou non du ralentissement en douceur et de la désinflation en 2024. Nous avons légèrement augmenté nos prévisions pour les indices actions au 31 décembre. Une correction des Bourses en cours d’année, au printemps ou à l’automne, nous parait toujours probable mais, grâce aux Banques Centrales, les indices devraient rebondir au second semestre pour retrouver les niveaux actuels en fin d’année. Nous nous abstenons de renforcer globalement l’exposition en actions et attendons une correction pour l’envisager. D’ici là, nous continuerons de relever leur poids dans les portefeuilles peu investis chaque fois que des opportunités se présenteront. Nous maintenons une recommandation Neutre à court et moyen terme sur les actions et nous ne surpondérons que les actions américaines.

 

Les marchés financiers ont accentué leur progression au mois de février avec une hausse de 4.5% en moyenne sur les indices actions malgré une petite remontée des taux d’intérêt à long terme de 0.3% aux Etats-Unis et 0.25% en Allemagne. Les données publiées sur l’inflation ont confirmé une lente décrue de celle-ci qui ne permet toujours pas d’envisager une baisse rapide des taux d’intérêt des grandes Banques centrales. Les anticipations des marchés se sont d’ailleurs atténuées pour se rapprocher de celles des banquiers centraux américains et européens, réduisant ainsi un facteur de risque que nous avions signalé. Par ailleurs, tant la FED que la BCE ont confirmé s’attendre à baisser les taux cette année. A leurs yeux, l’inflation des salaires semble également s’assagir, ce qui est de bon augure. Pour autant, le début et le rythme de la baisse des taux restent incertains mais la première pourrait intervenir juste avant l’été.

Au vu des indices des directeurs d’achat, l’activité mondiale a continué à se renforcer en février sous l’impulsion du dynamisme américain. Les prévisions de croissance pour 2024 ont été relevées. Cependant, le panorama détaillé a évolué. Le rythme de l’expansion semble légèrement marquer le pas aux Etats-Unis alors qu’en Europe, celui de la contraction s’atténue pour se rapprocher du niveau 0. L’industrie reste le point faible, ce qui pénalise l’Allemagne, seul grand pays de la zone où la situation continue à se dégrader. Dans les pays émergents, l’activité reste bien orientée au Brésil et en Inde alors que son rythme stagne en Chine.

En définitive, l’indice action Monde a progressé de 4.5% en euros, les indices américains et japonais de 5.6% et de 3.4%, l’Europe se contentant de 1.8%. Les principaux indices européens ont évolué en ordre dispersé (de -1.3% à +6% selon les places). Enfin, les indices émergents ont rebondi sensiblement de 5% grâce à la forte hausse des actions chinoises à la suite des mesures de soutien aux Bourses annoncées par les Autorités.

A l’issue de la période de publication des résultats du 4ème trimestre, la lecture est différente selon les zones. Aux Etats-Unis, en moyenne, ils se sont avérés encore meilleurs qu’attendus et les commentaires des entreprises sur leurs perspectives ont été plutôt rassurants. En Europe, ils ont été majoritairement inférieurs aux attentes mais les bons résultats des très grandes valeurs internationales ont largement compensé cette tendance en termes d’impact sur les cours boursiers. Dans ces conditions, les estimations de résultats pour 2023 et 2024 ont été logiquement abaissées en Europe et relevées aux Etats-Unis.

 

L’embellie des Bourses s’est donc poursuivie un mois de plus et interpelle toujours les investisseurs.

Elle n’est pas le résultat de la baisse des taux longs ou d’anticipations d’un assouplissement monétaire plus prononcé. Les variations des prévisions de résultats l’expliquent un peu aux Etats-Unis mais certainement pas en Europe. Le moteur de la hausse des cours a été la progression des multiples de valorisation qui reflète avant tout un regain de confiance des investisseurs et leur crainte de rester à l’écart du mouvement.

La masse des liquidités, créées et injectées par les Banques Centrales à chaque crise depuis 2008 est toujours abondante. Même si elle a été réduite de 20%, elle est encore 5 fois plus importante qu’avant cette crise financière. Après être revenus en masse sur les sicav monétaires, les investisseurs institutionnels semblent commencer à renforcer leurs positions en action, en privilégiant les grandes valeurs à bonne visibilité et en particulier les valeurs technologiques liées à l’essor de l’intelligence artificielle. Compte tenu du poids important de toutes ces valeurs dans les indices, l’effet d’entrainement est immédiat.

Les craintes de ralentissement économique ou de persistance de l’inflation n’ont pas complètement disparu mais le scénario d’atterrissage en douceur réussi aux Etats-Unis reste privilégié par les investisseurs et il gagne en puissance. Un des éléments réellement positifs est la reprise des gains de productivité aux Etats-Unis qui pourraient compenser les hausses de salaires tout en ménageant le pouvoir d’achat. Le renchérissement des actions trouverait ainsi une explication par le retour de la confiance. La question qui se pose alors est combien de temps peut durer cette hausse des Bourses ?

 

A court terme, notre interprétation est inchangée. Après un rebond si rapide, une correction de 10% serait bienvenue et le printemps est généralement propice à ce genre de mouvements. A moyen terme, l’évolution du contexte américain où l’activité devient de plus en plus pérenne, amène les investisseurs à relever leurs objectifs de cours et à espérer une poursuite de la tendance haussière interrompue seulement par des corrections momentanées. Il est vrai que les niveaux de valorisation n’ont pas atteint ceux des bulles spéculatives de 1987 ou 2000 ! Evidemment, la situation économique en Europe est loin d’être florissante et de pouvoir réconforter le moral des investisseurs. Mais, comme nous l’avons déjà vu, la hausse est alimentée par les grandes valeurs dont l’activité dépend en grande partie de la croissance mondiale. Néanmoins, la poursuite de la tendance haussière à moyen terme dépend encore de la réussite ou non du ralentissement en douceur et de la désinflation en 2024.

 

Certains facteurs de doute, comme l’ampleur des dettes publiques ou le risque géopolitique, sont passés au second plan pour les investisseurs internationaux qui se concentrent sur les Etats-Unis ou le Japon. Enfin, les autres facteurs d’incertitude évoqués ici, comme la profitabilité et l’endettement des entreprises, les relations commerciales Chine/Europe ou Chine/US ne sont pas pris en compte pour l’instant.

A ce titre, la très probable victoire de Donald Trump aux élections présidentielles de novembre (sauf empêchement judiciaire) peut constituer à tout moment un catalyseur de correction boursière. Mais, il faut rappeler que son premier mandat a été jugé positif pour l’économie, pour le contribuable américain et pour Wall Street.

 

Comme le mois dernier, nous excluons l’hypothèse d’une très forte correction des indices à court terme sauf accident exogène majeur (climatique, géologique ou géopolitique) qui viendrait bousculer les prévisions économiques et financières. Mais la poursuite de la hausse augmente la probabilité d’une correction ordinaire (5 à 10%) dans les prochains mois.

Nous avons légèrement augmenté nos prévisions pour les indices actions au 31 décembre. Une correction des Bourses en cours d’année, au printemps ou à l’automne, nous parait toujours probable. Mais l’assouplissement des politiques monétaires au second semestre devrait leur permettre de rebondir et de retrouver les niveaux actuels en fin d’année. Le potentiel de hausse résiduel des indices parait assez faible à court terme et nous restons toujours circonspects sur la possibilité qu’ils puissent dépasser durablement et dès maintenant nos objectifs de fin décembre.

 

Nous nous abstenons de renforcer globalement l’exposition en actions et attendons une correction pour l’envisager. D’ici là, nous continuerons de relever leur poids dans les portefeuilles peu investis chaque fois que des opportunités se présenteront.

 

Nous maintenons une recommandation Neutre à court et moyen terme sur les actions et nous ne surpondérons que les actions américaines. A très court terme, la faible valorisation des actions européennes pourrait entrainer un léger rattrapage par rapport aux indices américains.

Nous maintenons notre opinion Neutre à court et moyen terme sur les produits obligataires avec une légère préférence pour le Crédit européen. La petite remontée des taux longs européens permet de commencer à s’intéresser aux Emprunts d’Etat à moyen terme.

 

Lors de notre Comité d’Allocation d’Actifs de fin février, nous avons abaissé l’exposition en actions, en abaissant le poids des Etats-Unis, de l’Europe et du Japon. Parallèlement, nous avons augmenté le poids des produits de taux et plus marginalement celui de l’or.

 

Vincent GUENZI

                                                                                                   Directeur de la Stratégie d’Investissement

 Achevé de rédiger le 8 mars 2024 en collaboration avec Dorian FOULON